Je roule fréquemment avec un ami qui possède un GSR600, et je voulais partager mon ressenti sur cette bonne petite meule.
Bon l'aspect extérieur déjà, j'aime pas trop l'avant qui est trop trapu, les clicos sont intégrés un peu trop à la hache dans un morceau de plastique un peu large avec le gros radiateur, et à mon goût le phare dénote un peu et semble avoir été posé sur la fixation un peu à la va-vite...ceci dit avec un saute vent par dessus ça donne un bon style sur la meule, bien fluide et bien raccord avec l'arrière de la bécane, très réussi. (malheureusement je n'ai l'occasion de le voir qu'à l'arrêt parce que mon pote est rarement devant moi en roulant
)
L'arrière, donc : bien élancé avec les sorties de pots vraiment sympatoches et un cul bien haut.
Une fois installé dessus, le truc qui m'a vraiment marqué en descendant de mon ZR7S c'est l'impression d'être pile au dessus du phare avant, limite j'avais peur de faire un soleil à chaque freinage...j'ai vraiment pris des habitudes de bourgeois avec la bulle plutôt efficace de la Kawa
La posture est typée roadster avec un guidon bien facile à prendre en main, et comme la moto est fine et 20kg plus légère que la mienne je sentais sans problème sa facilité dans les courbes rapides. Si je me souviens bien, elle était chaussée en BT-014, et j'avoue que cette impression de pouvoir la faire se dandiner m'a vraiment bien plu. Par rapport à la lourdeur relative du ZR7, on sent bien le potentiel arsouillesque du GSR dans le sinueux ! Bon, ok tapez pas, je sais pertinemment que ces 2 motos n'ont pas la même vocation, la Kawa est plutot routière que nerveuse.
Le gros morceau : le moulbif ! Y'a pas de problème c'est une vraie 600
Il faut un peu aller chercher la sauce dans les tours, mais quand on franchit la barre des 8.000-9.000 tr/min, le moteur (dérivé des GSXR 600 de la même marque) commence à s'emballer dans un bruit d'enfer jusqu'à la zone rouge qui est placée à 14.000 si mes souvenirs sont bons. J'ai pas trop taquiné le bestiau mais cette façon de monter dans les aigus était super amusante. Le moteur est franchement asthmatique sous les 5.000 en revanche, ça m'a presque surpris par rapport au ZR7 qui affiche pourtant 22 chewouals de moins.
La faculté d'envoyer des grumeaux avec souplesse de la Kawa m'a un peu manqué lors de l'essai, mais je comprends carrément qu'on puisse s'éclater avec une machine qui demande d'aller chercher la patate loin dans le compte-tours...
Au registre des trucs chiants : les à-coups d'injection qui ne sont pas une légende. Quand on coupe-remet les gaz, il y a une secousse plutôt violente. Sans que ça rende la moto ingérable, c'est un point sur lequel mon pote et moi étions d'accord : à ce qu'il parait une visite chez le garageot lors d'une révision peut atténuer le problème.
Le son qu'elle produit est discret avec les silencieux d'origine, et comme je le disais plus haut monte en force à l'approche des 8.000 tours. On a alors droit à un MiaaaaaAAAOUUUU du plus bel effet qui correspond à l'arrivée de la cavalerie et à l'intérêt des Schtroumpfs, car force est de reconnaître que même en homologué ça fait du boucan si on la cravache.
Pour le reste, la boîte, les commandes, le compte tours, y'a pas de souci c'est efficace et sans surprise ! Mention spéciale au compte tours avec aiguille et affichage digital de la vitesse, moi qui ne connais que les deux cadrans à aiguille de la mienne je reconnais que la prise d'infos est plus rapide, et surtout vachement plus frime avec l'indicateur de rapport engagé...
Lors de notre test on a un peu attaqué une fois que l'un s'était accoutumé à la machine de l'autre. Au final j'ai avoué à mon pote que la folie furieuse qui prend le GSR passé un certain cap m'a bien fait halluciner, moi qui n'ai pas trop d'expérience dans les motos de plus de 80 ch. On sent que le moteur en veut et qu'il faut faire un peu attention à ne pas péter un plomb en essorant la poignée parce que c'est bien là la vocation première de la GSR : envoyer du gros steak juteux en s'appuyant sur sa légèreté pour arsouiller, ce qu'elle fait très bien. J'ai pris un virage modéré avec le GSR et, trop habitué au ZR7 et à sa puissance moindre, j'ai ouvert proprement en sortie de courbe. La Suze a bondi avec colère d'un coup et j'ai été un peu surpris.
Le feeling des pneus BT-014 est quand même plus sexy que mes BT-021 en bois et la confiance arrive assez rapidement. (ce qui est un peu traitre d'ailleurs
)
Globalement, le néophyte que je suis ne peut que trouver des qualités au GSR : sa vivacité, sa puissance, son coté déluré quand on la cherche un peu, les 600 roadster sont super joueuses ! Je suis sorti de cet échange bluffé par les vitesses qu'on peut accrocher en un claquement de doigts.
Un petit bémol quand même : si on excepte les aspects pratiques moindres (conso et autonomie risibles par rapport au ZR7, espace sous la selle acueillant un U court et un demi coton-tige, pas de béquille centrale, rétros pas top, position de conduite et vent dans la tronche éprouvants sur trajets peu sinueux...) je reste étrangement attaché à la sensation de "vie" de ma Kawa. Je ne sais pas trop, c'est peut-être les vibrations plus généreuses, le vieux design du moteur avec carbus par rapport à l'injection du GSR, ou peut être encore l'impression que quand j'accroche plus de 180 avec le ZR7S ben c'est Byzance ! Il lui en reste dans le sac mais sur une machine comme le GSR ce serait presque trop facile....allez comprendre.
La Suzuki GSR m'a vraiment bien tapé dans l'oeil en termes de sensations immédiates, c'est une machine nerveuse pour motards nerveux ! Ceci dit, le charme du ZR7, sa lourdeur, l'impression de batailler quand on roule avec des types surarmés, et son moulin qui racle et grogne ne se sont pas estompés quand je l'ai récupérée après notre échange.