Test Honda VFR 800FI mod. 2001
Robe agressive mais point ostentatoire, silhouette massive mais point pataude, le VFR est une moto à la croisée des chemins entre sportive et routière.
Salut à vous, bande de croqueurs d'asphalte ! Voilà longtemps que je n'avais pas fait de test. Quoi de mieux pour se remettre en selle (et déjà un trait d'humour : je suis fort !) que d'aller essayer la moto sur laquelle je projette toutes mes envies, mes fantasmes ? J'ai nommé la Honda VFR.
Bon, j'ai cadré la photo comme une buse. Je le reconnais. Vous pouvez au moins admirer la ligne globale de la bestiole !
Avant d'aller plus loin
je ne remercie PAS le méchant XIII avec lequel j'ai pu converser par MP de cette belle moto. Par sa faute, l'envie de remonter sur un VFR a repointé son nez et j'ai eu du mal à résister
Le gars de la concession ajoute un peu de carburant et me voilà parti. Enfin...presque. D'abord je reste comme un môme à écouter le son du V4 qui ronronne, amplifié par un pot Devil déchicané en position haute. Et comme dirait l'autre, ce bruit "Y'a pas mieux ! Au dessus c'est le soleil !!"
En piste ! La position demi-guidons est agréable. Moins fracassé vers l'avant que sur une sportive pur jus, moins balai dans le fion que sur une routière, c'est la position de conduite qui me sied le plus. La moto possède une hauteur de selle assez faible : je peux poser le pied au sol sans ennui malgré mon petit 1,71 mètre.
Lors du test le large carénage enveloppant a bien rempli son office. Malgré une forte pluie pendant 10 minutes, mes genoux (et mon slip !^^) sont restés bien au sec, et j'ai beaucoup aimé ne pas me prendre des gerbes de flotte dans la tronche. La bulle n'est pas d'origine : c'est une bulle haute teintée qui dirige une bonne partie du vent sur le haut du casque. La conséquence immédiate est que, à faible allure, le confort n'est pas terrible car la pression de l'air devient très bruyante. Une fois calé à plus de 70km/h, derrière la bulle et le corps porté par le vent, tout redevient fort agréable !
Le rayon de braquage n'est pas terrible sur cette moto, mais je m'y attendais un peu. Ceci dit, pas vraiment en confiance, je n'ai pas osé faire d'évolutions à basse vitesse qui auraient impliqué de la mettre par terre ! Il est aisé de poser son pied au sol au cas où, mais les 230 kg de la bestiole se rappellent à vous si vous devez la pousser assis en selle
En termes de maniabilité moteur coupé, c'est très réalisable même pour les petits gabarits comme moi : le centre de gravité est bas, et les demi-guidons permettent un bras de levier suffisant pour gérer la masse à déplacer. En descendant d'un Hornet somme tout assez fin (pour sa catégorie, je vois déjà nErur, Maxou et Rafale ricaner
) il est vrai que la largeur de la moto est à prendre en considération pour les interfiles et autres manoeuvres délicates. (et là c'est Ounet qui rigole avec sa GSA et valbondes en aluminium...^^)
Le poste de conduite. La moto possède deux compteurs à aiguille aisément lisibles, deux trips partiels, une odométrique total et une horloge. On peut cycler entre température d'air ambiante et température d'huile moteur. Pratique. Point noir : la moto essayée avait un problème de commodo gauche. Les clignotants se déclenchaient mal. Il n'y a pas non plus de warning.
Premier point négatif, imputable à cette moto : le levier de frein avant arrive en butée dès que je freine un tant soit peu fort. Très désagréable. Un réglage de la course m'apportera satisfaction et me rassurera quant à l'état du maître-cylindre.
Idem, le frein arrière sur cette moto-ci était mauvais. Comme si la pédale AR était grippée, je n'ai pas été en confiance du tout : trop peur de le bloquer sur la fin de la course de la pédale, je ne m'en suis presque pas servi. Fort heureusement, le système CBS se déclenchait tout de même si je chopais le frein AV. A ce titre, ce système, sans être indispensable, est vraiment marrant et bien pensé. Il permet de répartir une fraction de la puissance de freinage exercée au frein AV au frein AR : l'effet immédiat est que l'on gagne un peu en ralentissement et que la machine s'auto-équilibre dans l'attaque de courbes rapides. Bien sûr ceux qui sont habitués à solliciter le frein AR pour préparer l'assiette de leur moto avant un virage complexe n'y trouveront pas grand intérêt. Pour moi c'est aussi la sécurité de pouvoir planter le frein AV comme un abruti sans risquer de voir le cul de la moto balayer toute la chaussée...mais je parle ici de cas extrêmes.
A peine les premiers tours de roue effectués je retrouve la sonorité érectile du V4 Honda. Plein de gens argumenteront en disant que ce n'est pas le moteur le plus expressif, ni le plus puissant. Cependant, il est très rempli, capricieux dans les bas régimes (il hocquète un peu sur les relances en sous-régime) et délivre une poussée vraiment digne d'éloges un fois la barre des 4.000 tr/min franchis. Au dessus, c'est de la grosse balle : la machine accélère et le grondement du V4 évolue en une stridence rageuse. Le VFR est capable, selon le compteur, d'accrocher 12.000 tours avant rupteur. Lors du test j'ai un peu poussé la machine et il est vrai que le mode "Comète incandescente" s'active très très vite. La moto, secondée par une boîte de vitesse parfaite (levier d'embrayage hydraulique), file à des allures répréhensibles sans jamais dévier de sa trajectoire. Il n'y a pas grand chose qui parasite le guidage d'un VFR placé sur l'angle : les suspattes absorbent énormément d'imperfections dans l'asphalte, le retour dans les bras ne m'a jamais dépassé et l'équilibre global est stupéfiant. Même en alternant fortes accélérations, gros freinages, zig-zags et rétrogradages sauvages, le poids de la moto se contient
toujours et ne déborde jamais le châssis. Cette meule est purement équilibrée.
Le monobras caractéristique des VFR, enjolivé par le silencieux "Diable" en position haute. Et j'vous jure que ça chante, ce truc ! Bien sûr, en descendant d'un Hornet, la puissance du VFR me surprend. Je roulais souvent trop vite lors de l'essai. bien que les deux motos aient sensiblement la même puissance (102ch. pour le Hornet et 106ch. pour le VFR) leur façon d'envoyer la sauce est très différent. Bon, là, je ne vous apprends rien, je sais
Malgré tout cela demande un temps d'adaptation. Lors de la concentration je me suis rendu compte que je n'exploitais même pas 80% de la poignée de gaz du Hornet, j'avais souvent l'impression de me sentir dépassé lorsque je flirtais avec les dernières tranches du compte-tours. Ca m'a un peu frustré, et le fait de réessayer une cylindrée supérieure m'a rappelé le ZR7 pour ça : pas besoin d'aller taquiner la zone rouge pour avoir de la patate. Ceci dit, le Hornet possède une courbe d'utilisation bien foutue, et n'est pas si creux en dessous de 7.000 tr/min. Sur le VFR, ça part vite, ça part fort. Et puis ce gras à la réaccélération...miam !!
Les paliers du VFR sont moins marqués que sur le Hornet. Le moteur grogne un peu sous 3.000 tr/min, hurle à partir de 6.000 tr/min et vous met un grand coup de latte dans les gonades à partir de 8.000 tr/min. Au dessus de ce régime vous pouvez ouvrir votre portefeuille, sortir un briquet, mettre le feu à votre permis de conduire et danser autour tel un sioux...car cette moto arrache quand même grave le pavé ! L'onctuosité du V4 dans les relances et les évolutions à basse vitesse offre, pour mes goûts, un bel équilibre entre le POWER d'un 4-en-ligne et les vibrations sympas d'un bicylindre. Les relances sont crapuleuses (copyright Ounet 2013) et l'allonge du moulin quand vous faites parler la poudre en remontrera même à des types convaincus de la supériorité de leur meule bourrée de chevaux, car si le VFR n'est le meilleur dans aucun domaine il demeure une moto vraiment excellente sur de nombreux points.
- si on allume, c'est stable et suffisamment puissant pour suivre, sans être trop débordant pour rester sur la défensive.
- si on fait de la route, l'autonomie est bien assez grande et la protection inébranlable.
- si on fait de la ville...euh...autant acheter un scooter.
- pour le quotidien, la meule est très docile et polyvalente !
Cette machine est une invitation tout entière à enquiller du kilomètre sans s'arrêter. Un délice mécanique, une vraie petite sucrerie qui ne donne plus envie d'en descendre ! Je complèterai l'essai avec d'autres impressions, mais inutile de dire que mon essai n'a fait qu'entériner mon envie de posséder cette meule. Comme je le disais à XIII, elle remplit mon cahier des charges actuel, et seul le coût des révisions peut me freiner : elles sont réputées assez chères car l'accessibilité mécanique est jugée mauvaise.
Ceci dit...
Merci de m'avoir lu !