Le matin de la troisième journée de ce petit périple se lève, et je fais connaissance avec quelques collègues campeurs :
Comme quoi, nous apprenons ici que l'âne n'est pas seulement sur la moto, mais parfois à côté aussi...
Un gros petit déj' plus tard, j'enfourche mon fidèle destrier (non, pas l'âne... suivez un peu...) et me dirige vers le col de la Croix-de-Fer, la petite brume du matin plane encore dans les airs...
Holà, Jolly Jumper... eh bé, elle est déjà arrivée en haut dis donc !
Descendue des hauteurs, la route longe un beau lac :
Puis elle se perd dans de petits bois, plonge jusqu'à un cours d'eau, remonte, serpente... un peu d'ombre ça fait du bien, ça rafraîchit et ça change d'ambiance, après la haute montagne si nue...
Je rejoins une route à voitures pour rejoindre Séchilienne, puis bifurque en direction du col Luitel et Chamrousse. C'est une petite route très étroite, qui monte très raide et avec pas mal de gravier un peu partout... impossible de passer la 3 ! Je traverse de petits hameaux, des petits bois, à nouveau des hameaux...
Pas évident de prendre une photo, il faut s'arrêter en plein milieu de la route !
J'arrive au col Luitel, et le lac Luitel apparaît au détour d'un virage...
La route départementale que j'atteins en haut, et qui mène à Chamrousse, est nettement plus roulante, je me fais plais' (biiiiiiiip, pas de photos, censuré)
Je traverse Chamrousse, rien de passionnant, une station de ski comme toutes les autres, à savoir moche
... et j'entame la descente sur Grenoble, où est censé se terminer mon roadbook (snif...)
MAIS il n'est que onze heures, et comme je n'ai vraiment pas envie de déjeuner sur une aire d'autoroute et que je ne suis attendu chez moi que pour le soir, et ben je fais du rabe !
Je bifurque donc sur la D280 en direction d'Allemard, magnifique petite route qui m'amène sur les hauteurs, surplombe Grenoble... de petits villages, de petits bois, des cols à un millier de mètres d'altitude... le charme à l'état pur !!! je suis ravi de finir ces trois jours là-dessus !
En route vers l'autoroute (eh oui), je remarque, sur un parking, une petite baraque surmontée d'un écriteau dont le sens m'emplit d'une joie sans limite (« PIZZA »), avec un grand semi-remorque garé à côté. Et c'est là que me revient l'enseignement de Lapindu88 : « Si un jour tu vois des camions arrêtés devant un resto routier, c'est que... c'est bon ! » Un syllogisme de base m'entraîne à effectuer un freinage d'urgence et un dérapage parfaitement contrôlé sur le gravier du parking, pour m'arrêter juste en face de la gentille dame qui était tranquillement en train de pétrir sa pâte : « une savoyarde, 'vous plaît » (bon, on n'est plus en Savoie, mais on ne va pas chipoter, hein...) Eh ben, mes amis, croyez-moi ou pas, mais c'était non seulement une très bonne pizza, mais en plus la plus grosse que j'ai jamais vue !!! je n'ai pas pris de photo, je n'ai pas osé devant la dame... était-ce le but caché de mon voyage ? en tout cas, c'est ce qui inspire le plus ma verve littéraire, dirait-on ?
La suite, vous vous en doutez, quelques heures d'autoroute... je m'arrête assez souvent car le mal au c... devient un peu sensible et je suis un peu parano avec ma tente, 'manquerait plus qu'elle se barre sur l'autoroute... enfin, elle s'est montrée docile jusqu'au bout, cette brave bête... A ma dernière pause, je me gare à côté d'une belle BMW R75 et échange quelques mots avec son propriétaire qui l'avait achetée en... 1977 !!! plus vieille que moi, la coquine ! Elle remontait tout droit de St Tropez... Après avoir parlé bécane comme il se doit, son proprio l'enfourche en faisant s'ébrouer son flat twin, ah, quel superbe bruit du flat 2 soupapes, tout se perd ma pauvre dame...
Et après, ben j'arrive à la maison où mes deux nanas m'attendent (y'en a qui ont de la chance !!!)
Bon, mais alors en bref, ça donne quoi, tout ça, Gaston ?
J'ai pourri : beaucoup, surtout des BMW, incroyable le nombre de GS qui se traînent, il faudrait faire une pétition pour la protection des GS asthmatiques des Alpes (et d'ailleurs)
M'ont pourri : deux sportives dans la descente de Valloire, mais j'ai laissé filer en bon prince
j'étais en train de contempler le paysage, môa...
Ne m'ont pas laissé les pourrir : les 3 bécanes avec lesquelles j'ai fait un bout de chemin
... malgré, notamment, un évident extér de ma part dans une épingle, ce qui en langage motard signifie en gros « laisse-moi passer, manant, tu te traînes ! »... mais le fier manant sur son destrier certes puissant, mais accusant un embonpoint qui ne lui laissait aucune chance sur ce terrain de jeu, ne l'entendit point de cette oreille et se servit, finaud, des caisses arrivant en face pour me barrer la route... Lamentable et perfide ruse ! Je restai derrière, pestant contre les évidentes lacunes dans leur art de la trajectoire...
Distance parcourue : 1700 km en gros
Conso moyenne : 5,5l/100 km
Nombre de cafards écrasés sur la route : 2437
Nombre de paires de chaussettes utilisées : 3,7
Couleur de mes fesses à l'arrivée : rouge-rosé
Souvenir gastronomique : pizza savoyarde
Souvenir « ambiance » : le Grand Saint-Bernard et le lac Mont-Cenis sous la brume...
Souvenir « émotion » : la musique du clocher de Bourg Saint-Pierre ; l'abominable pet d'un collègue qui venait de s'enfermer dans les toilettes du camping alors que je me brossais innocemment les dents et qu'il venait de me saluer très poliment...
J'espère n'avoir rien oublié d'important.
Le Versys est toujours à peu près orange, n'a pas bu d'huile, a vomi de satisfaction trois gouttes de liquide par le trop-plein de vase d'expansion sur le col du Galibier, et a fini de ruiner un pneu arrière... il arrive sur ses 25000 km en pleine forme apparemment... Je dirais même plus : IL EN REDEMANDE !!!
Et moi aussi...