KTM 690 Duke 2012
Même si la robe est très semblable à la nouvelle 125 Duke, il n'en demeure pas moins que la machine autrichienne est particulièrement racée !
Il y a une semaine environ, Rafale et moi avons essayé, à tour de rôle, la Kronreif Trunkenpolz Mattighofen 690 Duke. (tout de suite le nom complet du fabricant ça fait plus sévère
)
C'est le genre de moto qui me rendait super curieux, à la fois pour la marque que je connais fort peu, ainsi que pour l'architecture moteur
C'est donc en bleu-bite complet que j'ai poussé les portes de la concession, flanqué de mon "gars d'chantier" qui allait s'octroyer la première demi-heure d'essai.
Y'a pas à dire, la nouvelle Duke, elle claque. Tout en superlatifs, la moto se découvre avec un oeil avide et franchement étonné. A des années-lumière des japonaises dont la robe est bien plus sage, la KTM se révèle aggressive de partout !
Aggressive, la fourche inversée de gros diamètre ! (non réglable) Aggressif, le cadre tubulaire en orange criard ! Aggressifs les étriers Brembo maxi-maousses ! Aggressive, la face avant dessinée comme un bijou taillé dans le brut ! Aggressives aussi les jantes Marzocchi toutes de noir vêtues !
Rafale démarre la machine et je le suis avec ma bestiole. Quel son de merde ! J'y crois pas. On dirait le bruit d'une 125 arthritique. Vite, changer l'échappement pour faire respirer le moteur et lui rendre sa sonorité amusante parce que là, non seulement il jure avec la férocité de la ligne de la moto, mais en plus il s'entend fort peu.
Il n'y a guère que la face avant qui ne me plaît pas...
Nous prenons la direction de petites routes confidentielles, car il est hors de question de tester cette machine sur les grands axes : ce n'est pas sa vocation et puis comme ça si on se bourre, on le fera pro-pre-ment. Eh oui monsieur ! Professionnels jusqu'au bout, les mecs.
Au bout d'une demi-heure à suivre un Rafalou qui semble s'amuser (bien que luttant contre le sélecteur en rapports strandard) il s'arrête et me tend la bête. En selle !
Rafale : "Bon, euh...non vas-y je te dis rien, passe devant !"
Moi : "Gné ? Bon ok, à mon tour de tester"
Premières impressions : c'est bizarre ce truc ! On est très bien assis, vraiment TRES droit, genre balai dans le cul. Le siège est confortable, mais le guidon très large, et offre un grand bras de levier. En fait, cette moto est toute en paradoxes, comme vous le remarquerez dans mes impressions lors du test.
Le guidon est large mais la posture du dos très droite, les repose-pied bien placés mais le sélecteur dur à actionner car très haut. La posture de conduite est limite classe pullman, je commence à me poser des questions : c'est quoi c'te drôle de meule ?
En tout cas, je suis dépaysé, même à l'arrêt. Et c'est plutôt cool de se faire de nouvelles expériences. :]
Une tondeuse s'est cachée dans cette photo : parviendras-tu à la retrouver ? En route ! Wooohlààà ! Ca tracte, pour un p'tit mono ! Et putain qu'est-ce que ça VIBRE ! On est clairement pas dans le monde feutré des quatre-cylindres !
Ca vibre à l'arrêt, ça vibre à l'accélération, ça vibre dans la virole, ça vibre à la relance, ça vibre dans le fossé, aussi. Ah, non je me suis pas bourré avec celle-ci.
Loin de là car le châssis est vraiment exemplaire. J'insiste sur ce point car j'ai moins été emballé par le reste de la moto.
En dynamique, sur des enchaînements de petits virages la KTM se comporte vraiment très bien : les suspensions collent la moto à la route et jamais de réaction parasite n'entache votre attaque de virage. Le freinage avant est dantesque car, allié à la légèreté de la machine, est très mordant et puissant. Un point rassurant : le frein arrière est à la hauteur du reste et permet d'assoir la machine très efficacement.
Le cadre d'une rigidité sans faille permet de placer la machine sans que ça ne remue une fois en courbe. Nan, vraiment la moto est une invitation tout entière à faire le con ! J'ai aimé être rasséréné par le châssis, qui autorise rapidement à prendre confiance et à taper dans le moulin.
La position de conduite si spéciale vous donne toujours envie de pencher la meule en déchanché extérieur et de sortir la jambe pour offrir un troisième appui. Aussi étrange que ça puisse paraître (je suis une purge pour sortir mon corps de ma bécane) la KTM ne vous demande que ça : tout le temps ! Et vas-y que la bécane vit sa vie sous tes gambettes et plonge avec férocité dans les courbes tandis que vous êtes toujours impeccablement installé dans le siège. Quel contraste !
Ce contraste est d'autant plus marqué pour les sensations que j'ai eu avec le moteur. Soyons francs : je n'ai que moyennement apprécié. Bon, je perçois déjà les ayatollahs du mono me lancer des regards noirs de haine...laissez-moi vous expliquer.
Le monocylindre, je ne connais pas. Ou peu. (si tant est que 50 bornes en Yamaha YBR 125 vous intéressent)
J'ai fortement apprécié sa bonhommie quand tu arraches la meule de son état statique ! Ca tracte, tout de suite et avec fun ! Aux antipodes d'une quatre cylindres, bien que ce soit une évidence, il est toujours bon de rappeler de quelle machine on descend. Alors ça tracte et ça part vite, mais le moteur s'essouffle trop vite à mes yeux. La plage d'utilisation est très courte sur cette moto, et j'ai trouvé ça dommage. Moi qui aime enrouler sur le même rapport, je me faisais une joie de mettre la Duke en 3ème et de ne plus toucher au sélecteur.
Las ! Les rapports sont réglés courts. A l'exception de la 6ème, tirant très long : probablement conçue ainsi -et c'est très bien vu- afin d'offrir une prestation routière à la KTM pour tailler de la borne en ligne droite.
La boîte est courte, mais très très souple, ce qui est génial pour matraquer le sélecteur en rétrogradant : elle ne demande que ça ! Une pichenette d'embrayage et cloc-cloc-cloc, te revoilà en 2nde et tu n'as plus qu'à tordre la poignée pour avoir une belle relance. Cela dit, j'ai passé beaucoup trop de temps à mes yeux à tricoter du sélecteur pour m'amuser. Je descends d'un Hornet 600, donc tricoter, ça me connait. Mais là c'était non-stop ! Alors je veux bien que les routes Tourangelles ne soient pas aussi amusantes que les routes de montagne, et bla-bla-bla, je connais la rengaine que me sortent les montagnards du forum.
Et même s'ils ont raison, je ne peux m'empêcher d'avoir été déçu par le manque de patate de la KTM. Légère, oui, agile, c'est certain, mais il lui manque un peu de patate pour me régaler. J'aurais aimé me faire catapulter d'une courbe à l'autre en n'ayant qu'à penser sortir ma jambe.
Parce qu'on peut se mettre au tas, c'est une chose, mais se mettre au tas en supermotard, putain c'est la mégaclasse !
Le moteur fonctionne fort quasiment du ralenti à 5.000 tr/min, mais je l'ai trouvé moins pêchu au dessus. Il allonge, mais perd de sa fougue, et je me suis rendu compte que j'étais trop fréquemment dans les 2.000 derniers tr/min du compteur. Je n'ai sans doute pas correctement assimilé son mode d'emploi, remarquez. Cela dit, il existe la SuperDuke en Bicylindre cubant 990cm3...
Le moteur, donc, est amusant et vivant. Mais j'aurais aimé un coup de botte dans fion, et me faire tracter les bras ! Je suis donc descendu de la KTM content d'avoir essayé quelque chose de nouveau mais un peu triste car je m'attendais à un jouet encore plus explosif. Bien maniée c'est sans doute rigolo. Mais le fait d'avoir raté plusieurs de mes passages de vitesse à cause d'un sélecteur trop haut m'a gonflé. Le manque de souplesse pour évoluer en demi-tour m'a fait peur. Je ne me suis pas vraiment fait au bras de guidon énorme ni au débattement des (excellentes) suspensions.
BONUS : Une photo avec encore plus de morceaux de Rafale ! Au retour de la concession, Rafale et moi avons quelque peu échangé nos impressions, et étions d'accord sur plusieurs points :
Rafale : "Bon quand je t'ai passé la machine je voulais rien te dire pour pas t'influencer, mais j'ai pas vraiment aimé !"
Moi : "Y'a des points rigolos mais c'est bizarre comme meule !"
Rafale : "En remontant sur le Hornet j'avais l'impression de monter sur un 12R !"
Moi : "Ouais on est super droit sur la Duke, c'est étrange et ça donne envie de déhancher vers l'extérieur, de sortir le corps !"
(...)
Moi : "Et sinon tu aimes les fLims de gladiateurs ?"
Rafale : "Carrément. Allez viens, on va se mettre de l'huile !"
Voilà une machine qui m'a laissé bien perplexe ! Je pense qu'un contre-essai serait profitable. Il est très possible que je ne sois pas intéressé par cette catégorie de moto, car j'aime sincèrement l'allonge d'un bon quatre-pattes. En revanche niveau partie-cycle quel régal ! Il ne lui manque qu'une louche de watts pour me faire frétiller le fond du slip et passer les courbes avec la jambe sortie, et le couteau entre les dents !