Voilà ce qui est arrivé à un de nos collègues motard :
Didier Rasse, motard, a été victime d'un accident vendredi à Saint-Brieuc. Bien des automobilistes sont passés avant que l'un d'eux s'arrête.
Didier Rasse en est encore abasourdi. Vendredi, 7 h 30, ce Plérinais rejoint son travail à moto, dans la zone commerciale de Langueux. Sur la RN12, à hauteur de Saint-Brieuc, il circule sur la voie de gauche pour doubler un camion. À ce moment, un fourgon blanc qui suivait le camion déboîte et heurte sa moto. Le pilote freine, klaxonne. Il est déséquilibré et percute le rail central.
« J'étais allongé à plat ventre sur la voie de gauche. J'ai entendu des voitures taper dans ma moto. Personne ne s'arrêtait. Ça a duré longtemps. »
Il finit par se relever. Ignorant ses blessures aux genoux, à la tête et à la clavicule, il fait signe aux automobilistes de ralentir. « Ils continuaient, c'était impressionnant. » Encore un peu sonné, le blessé entreprend de traverser le flot de circulation, ne mesurant pas le danger. Il veut s'approcher du fourgon qui l'avait touché : « Je l'ai vu avec les warnings sur la bretelle de sortie. Mais il a disparu. Je me suis assis sur le bas-côté et j'ai craqué ».
« Miraculé »
« Aux urgences, on m'a dit que j'étais un miraculé. Je me demande comment je suis sorti de là. » Un automobiliste finit par porter secours au blessé, le met en sécurité et appelle les pompiers. Puis un autre motard s'est arrêté. « Il s'était écoulé de nombreuses minutes depuis l'accident, jusqu'à ce que cet homme s'arrête, alors qu'il y avait un monde fou. Ça aurait pu se transformer en carnage ! »
Au-delà du choc de l'accident, de ses conséquences corporelles et du risque qu'il a eu de mourir, Didier Rasse s'est surtout senti bien seul vendredi matin. « Ils voient quelqu'un à terre, surtout un motard qui n'a que son blouson et son casque pour protection, et ils poursuivent leur chemin. C'est de la non-assistance à personne en danger, du manque de civisme. »
Il a eu l'impression « qu'ils avaient peur de s'arrêter, comme si on risquait de les mettre en cause ».
Ce motard chevronné remontera sur sa moto pour se rendre à son travail. Mais depuis l'accident, il a du mal à trouver le sommeil.
Didier Rasse est prêt à entendre vos réactions. E-mail :
didier.rasse@free.frOuest-France