Hé oui, j'ai eu l'occasion d'essayer cette moto mythique ce weekend.
Elle appartient au père d'un ami qui est fou de Ducati.
Son fils a une 620 Monster, et lui la 916, en attente de la 848 qu'il a commandé.
Ca faisait un bout de temps qu'il m'avait proposé de l'essayer, mais faute de temps c'était toujours remis.
Et samedi c'était le jour
Elle m'attendait dans le garage, toujours aussi belle. Je trouve d'ailleurs que sa ligne n'a pas vieilli.
Petites recommandations du propriétaire :
"Alors n'accélères pas trop sur les 2 premiers rapports où la roue avant va lever assez brutalement.
Evites de trop descendre dans les tours, en dessous de 2500 Tr/mn, ça cogne pas mal.
En courbes, n'hésites pas à bien appuyer sur le guidon pour tourner, elle a tendance à vouloir rester en ligne.
Au freinage, n'hésites pas à bien tirer sur la poignée, elle freine bien mais la commande est dure.
Pour le reste, ça se conduit comme une moto normale."
Mouais, une moto normale, ça ? Avec tous ces conseils ?
Me voilà plus inquiet qu'excité maintenant.
Bon, il la démarre le temps que je m'équipe pour qu'elle chauffe un peu.
Première surprise, le bruit au ralenti est agréable mais assez discret.
Ca y est je suis équipé, il est temps d'enfourcher la bête.
Premières impressions : Houlà, qu'on est mal installé !
Presque couché sur la bécane, avec des reposes pieds hauts et des guidons très bas. La selle est en bois.
Ca change de la ZR-7, et surtout je sens que dans 10 mn je n'ai plus de poignets...
Passage de la première, la boite est ferme mais le rapport passe bien. L'embrayage est aussi du genre costaud et en ville ça doit être un calvaire.
Je m'élance tout doucement pour sortir du garage et passer les graviers de l'allée, en ne relachant pas complètement l'embrayage, la peur au ventre de la mettre à terre.
Arrivé sur la route, je relache complètement l'embrayage et commence à accélérer un peu. Effectivement, à 2000 Tr/mn ça cogne, même en accélérant progressivement.
A basse vitesse, la moto est assez maniable, le poids est correct, le seul truc qui me gène est que même pour braquer à 90° pour sortir des rues du village, on arrive en butée de direction, ça ne rassure pas trop.
Sortie du village avec le beau petit panneau de fin de limitation de vitesse et je commence à accélérer progressivement.
Houlà, ça a du coffre un twin. J'en avais jamais essayé avant et je ne sais pas s'ils sont tous comme ça, mais ça impressionne. Le moteur est bien plein. Arrivé à un bon petit 90 - 100, les premiers virages se présentent, et la ducati me montre pourquoi on dit d'elle que c'est une moto d'homme.
Elle ne veut pas braquer et il faut vraiment appuyer sur le guidon pour la faire s'inscrire en courbe.
Les suspensions arrières sont dures comme du béton et chaque petite bosse est irrémédiablement répercutée dans mon fessiers et mes vertèbres.
On sent que le terrain de jeu de la belle c'est le circuit et que le reste ne l'interesse pas.
Premier bout droit bien dégagé sans personne sur la route, allez, on essore les gaz en 3.
Ouaaah ! Ca arrache les bras comme pas permis, ça s'énerve vraiment à partir de 4000 tr/mn pour ensuite devenir une vraie furie passé 6000 tr/mn.
Je relache un peu les gaz, car ça m'impressionne vraiment et que la vitesse grimpe très très vite.
Virage suivant, un droit un peu plus serré, allez on tient le 90... Ca penche bien, beaucoup même, mais alors qu'est-ce que c'est physique pour l'inscrire en courbe. J'ose pas imaginer l'effort à fournir à très haute vitesse.
Par contre elle est imperturbable sur l'angle, là ou ma ZR-7 aurait commencé à me montrer ses limites par des louvoiements.
Sortie du virage, on essore encore un peu les gaz, la vache, qu'est-ce que ça pousse !!!!
Dans le genre coupleux et rageur, c'est impressionnant.
Je vous épargne la suite de ma ballade sinon on en finira pas. Mais petit à petit j'ai compris comment ca fonctionne ce genre de bestiau. Faut vraiment la piloter pour l'amener là ou on veut avec en contrepartie une précision chirurgicale des trajectoires.
Pour les freins, c'est vrai que la commande est un peu dure et avec un débattement assez long, mais ça freine bien et en tout cas bien mieux que ma brêle.
J'ai adoré rouler 40 mn avec cette bécane.
C'est physique, violent, mais absolument passionnant, on attrape la gaule à chaque accélération
Par contre au bout d'une demi heure, j'avais effectivement les poignets qui devenaient vraiment douloureux et le dos qui commençait à l'être aussi. D'ailleurs quand on descend de la moto, les reins rappellent de ne pas se redresser trop vite.
Je pense qu'au bout d'une heure les crampes ne doivent pas être loin car même pour les jambes ca commencait a être difficile.
Au final, je sais que ce n'est pas une moto pour moi car bien trop inconfortable, trop extrême.
Ou alors si j'ai du fric un jour, en deuxième moto.
Mais pour se faire une petite virée de temps en temps, ce genre de joujou est extra.
Je l'adorais déjà avant, mais depuis cet essai je la vénère !
Je ne vous ai même pas parlé du bruit à l'accélération, qui est à tomber. Très rauque, aussi hargneux que le moulin qui le produit :
J'espère avoir un jour la chance d'essayer sa 848, et je vous ferai profiter de cet essai.
Et pour Ducati, continuez à nous faire des engins comme ça, ça participe au mythe de la moto et ça nous permet de rêver et d'accomplir pour certains le rêve de chevaucher une de ces prodigieuses machines. Chapeaux messieurs !
