Dimanche
Quelle agréable surprise de mettre le nez dehors et de ne pas se faire tremper. Pour rappel, la météo s'acharnait sur les pilotes depuis samedi matin. Le temps, en cette fraîche matinée, devient plus clément avec nous. Une chance !
Je suis réquisitionné par un ami pour photographier son fils qui participe à l'Enduro Espoirs. Cette course réunit des pilotes de 12 à 15 ans. Et croyez moi que ces petits gars, ils en ont dans le ventre !
Certains ont de drôles d'idées pour mettre l'ambiance ! J'ai eu les tympans explosés avec eux !
Il est 10h30, la courses des jeunes est terminée. La digue se noircit de plus en plus. Le plus gros des spectateurs est en train de prendre position et les petites baraques à frites font leur chiffre d'affaire de l'année.
Chacun sa technique : il y'a ceux qui prennent place et campent pendant les prochaines heures pour conserver leur place de luxe (face à la grille de départ, face au premier virage). D'autres plus malins optent pour un choix certes plus encombrant mais de taille : l'escabeau, offrant une vue imprenable sur le circuit. Certains la jouent de manière plus fine et jouent des coudes discrètement à la dernière minute avant le départ pour espérer se rapprocher.
J'étais pour ma part placé juste devant le premier virage. L'hélicoptère se fait entendre, il est 11h30 et les pilotes s'entassent derrière la ligne de départ. Ils sont plus de 1000 à attendre.
Le départ se fera en deux temps. Les 300 premiers partiront, puis une quarantaine de secondes plus tard s'élanceront les 700 restants. Pourquoi deux pelotons ? Pour éviter l'accident qui, pour rappel, avait eu de graves conséquences l'année passée... Deux départs, deux couloirs ! Pour plus de sécurité, le peloton 1 empruntera le couloir 1, le peloton 2 empruntera le couloir 2. A tord ou à raison, l'organisation met un terme au départ comme on le connaissait jusqu'à présent, qui était l'un des symboles de l'Enduro. On lit un peu de tout à ce sujet, certains grincent les dents quand d'autres applaudissent la décision.
Deux hélicoptères volent dans le ciel, les minutes s'écoulent tout doucement. J'ai le palpitant qui monte. C'est assez drôle, je ne suis qu'un spectateur, je ne suis pas au guidon d'un 450 4T, et pourtant je suis excité par ce départ. L'index sur le déclencheur, la main gauche tenant l'objectif, j'attends, tel un chasseur attendant que sa proie sorte de sa cachette.
Il est 11h45 et le départ est donné ! Une marée noire envahit la plage, dans un bruit assourdissant ! Les premiers pilotent se lancent sur la ligne droite. Milko Potisek (#32) prend le tête et signe le holeshot. Très vite, le deuxième peloton s'élance à son tour. C'est parti pour 3h de course !
Les premières chutes...
Pendant ce temps là, ça roule, ça roule très fort même !
Martens se retrouve coincé au cours d'un ravitaillement. La moto a chuté, le radiateur est touché, impossible de la redémarrer malgré des coups de kick insistant. Le 4T ne redémarrera pas, tristesse pour le pilote favori qui avait pourtant bien commencé cette course.
Ca se bouscule en tête de course ! Les 5 premiers sont distants de quelques secondes, le peloton de tête change chaque tour.
Milko Potisek alors en bonne position disparaît de la course. On apprendra plus tard qu'il a été victime d'une casse moteur. Camille Chapelière (leader du championnat de course sur sable) prend les commandes avec Van de Sande. A leurs trousses, le double vainqueur de l'épreuve Adrien Van Beveren fraîchement rentré du Dakar passe à l'attaque. Camille est retardé, le sable et la pluie ont eu raison de son masque, il roule à l'aveuglette et tente tant bien que mal de suivre le rythme. Adrien le passe puis dépasse Van de Sande et s'impose ! Il signe sa troisième victoire d'affilée, une victoire inespérée pour lui.
La course se termine. Les organismes sont épuisés. Quelle course de dingues !
L'Enduropale du Touquet est une histoire qui dure depuis 41 ans. Dimanche 16 février 1975, les premières motos, les premiers passionnés prenaient le départ. A l'époque, le goulet marque les esprits et voit s'entasser des dizaines et dizaines de motos dans un bourbier sans précédents. L'épreuve se fait essentiellement dans les dunes. Telle était la volonté de Thierry Sabine. Des années plus tard, l'événement abandonne les dunes, à tords ou à raison. Il fait une place aux quads et continue de rassembler des pilotes du monde entier. Certains disent que c'était mieux avant. Pourtant, ils sont aujourd'hui plus de 1000 pilotes cross, 500 pilotes quads et 400 pilotes Juniors et Espoirs à s'élancer sur le sable. La formule reste inchangée malgré les années : du sable, des pilotes et des spectateurs passionnés et l'envie de faire perdurer cette course. Rendez-vous l'année prochaine, les 3-4 et 5 février 2017 !