Yamaha FZ8 Naked 2011
Voici la bestiole. Vous noterez l'effet de soleil dans le phare. Eh ouais, Taeron c'est pas que des tests qui arrachent le slip, c'est aussi une âme d'artiste. (dommage que l'artiste se révèle être un clown, hélas ) Salut à vous, forumeurs ! Dans la rubrique "j'ai de la chance", aujourd'hui j'ai eu la chance de tester la Yamaha FZ8 N, modèle 2011. La concession Team Delétang à Chambray-les-Tours propose de faire découvrir sa gamme de machines, je n'avais aucune raison de me priver ! Il a suffi de prendre rendez-vous et de réserver un créneau.
Arrivée en concession : toutes les machines d'essai sont parquées en devanture, prêtes à faire feu
Je distingue les FZ8 (les deux versions N ou S étaient présentes), mais aussi des R6, R1, TDM900, XJ6 et au milieu, la très délurée V-Max. Formalités d'usage auprès des responsables, et l'une d'elles me dit "Bon, on va augmenter un peu la durée de l'essai : une demi-heure c'est trop court...et puis il n'y a personne sur le créneau après."
YESSSSS ! J'ai le droit à 1h15 d'essai ! Mortadelle ! Merci les vendeurs de Pianos !
Un gars m'accompagne et me passe les clefs. Amorce d'injection, BZzzzzzZzz-Bz-Pouêt ! Démarreur. La moto chauffe tranquillement, et le gars me dit "C'est le dernier modèle, starter auto, injection, on vient de les recevoir."
Merci mec, mais je doute que les millésimes 2010 avaient des carbus, le starter dessus et qu'il fallait kicker pour les démarrer ! Farceur !
"Bon essai !" Me lance-t-il.
Oh mais il va être bon l'essai, je me fais pas de souci là dessus, me dis-je en enfilant mon pot de chambre crânien. Le FZ8 ronronne tranquillement pendant que je mets les gants et règle les rétros. Ceux-ci offrent une vision limitée à cause de leur forme évasée. Et c'est paaaaaaarti ! Ou presque, je manque de caler :p
La finition de la FZ8 est au dessus de ce que j'ai pu voir dans le créneau des roadsters mid-size. Le souci du détail est omniprésent, les petites touches telles que les logos au Diapason un peu partout sont chouettes, et aucune pièce de la machine ne fait cheap. Notez la double sortie dans le gros pot d'échappement et le bouchon de radiateur un peu disgracieux. Extérieurement : Cadre noir mat, jantes dorées, fourche inversée dorée, bras oscillant mahousse costaud, réservoir bicolore...la classe. Y'a pas une pièce qui dénote dans tout ça. Bien vu, Yam ! Les feux sont bien intégrés au style de la machine, j'exprime cependant des réserves quant à la bavette arrière sur laquelle sont perchés les clicos. C'est...spécial ce gros bout de plastoc qui pend assez loin, même si c'est la norme chez Yamaha, j'ai du mal à m'y faire. Les feux stop sont moins visibles que ceux du GSR.
Des lignes sobres et efficaces, avec des espèces d'ouïes en plastique noir sur l'arrière...amusant ! Premiers tours de roue : la position est beaucoup plus neutre que sur le GSR750, pas basculée sur l'avant. Le buste trouve naturellement sa place au dessus du réservoir, le large guidon pas trop galère à utiliser. Les commodos sont standards, mais j'avoue que j'ai trouvé les boutons un peu petits lorsqu'il a fallu utiliser les clignotants. C'est du chipotage...
Allez tiens, je remets une cartouche dans la boîte à chipotage : les repose-pieds sont stylés mais bordel qu'ils sont mal fichus. Tout comme le GSR, le pied est déporté vers l'extérieur par la faible surface de ceux-ci, pas moyen de placer le talon pour dégourdir la jambe. Est-ce si dur de concevoir un repose-pied qui permet de reposer son délicat petit peton au cas où on doive enquiller plus de 50 km ? Merde c'est quand même pas compliqué !
En roulant, on peut facilement faire corps avec la FZ8. En effet, le réservoir possède une forme bien pensée et on peut placer ses genoux de part et d'autre suffisamment vite pour changer d'appui en cas d'attaque. La forme supérieure du réservoir est bien plus agréable que celle de la FZ6 que je trouvais trop bombé. (comment ça on s'en fout ? :p)
Premier stop...ARGH ! Putain mais qu'est-ce que c'est que ce frein arrière ? Au secours !!! Si comme moi vous êtes du genre à vous arrêter en couplant le frein avant avec un petit coup d'arrière pour asseoir la moto, c'est la chiasse ! La pédale de frein arrière avait une course exagérément longue, sans aucun feeling, et bloquait beaucoup trop facilement. Je devais quasiment placer ma botte perpendiculairement à la route pour obtenir un ralentissement : une calamité !
Le contraste est d'autant plus marqué que le frein avant lui, est vraiment très bon. On peut lécher les freins pépère si on veut ralentir, et lors de freinages plus appuyés la puissance débarque très promptement dans un bruit de métal glissé plutôt amusant. Le feeling au levier est vraiment bon, on peut doser aisément et l'attaque se révèle bien rassurante. En plus de cela, la fourche avant s'enfonce très peu, même lorsque j'ai essayé de planter les freins à grande vitesse. Le freinage est sincèrement excellent, mais uniquement à l'avant.
A mon retour de test j'ai même fait part de ma mauvaise surprise sur le frein arrière au type de la concession, et il a semblé surpris. Je lui ai recommandé une purge du circuit car une telle mollesse est anormale et dangereuse. Prenez donc mon ressenti sur le frein AR avec du recul car il est possible que ce soit cette machine (pourtant équipée en Nissin) qui avait un problème isolé. Dans tous les cas, autant se servir du très bon freinage frontal.
Toi aussi joue avec Taeron : J'offre son poids en Rillons de Tours à celui qui trouve la marque et le modèle de mon casque ! Une fois cette appréhension passée, je décide de me concentrer sur les sensations dûes au moteur. Sur les basses vitesses, la FZ8 grogne un peu et la gestion de l'injection ne m'a pas convaincu lorsqu'il fallait démarrer gentiment. C'est hésitant, j'ai manqué de caler de nombreuses fois...heureusement que le couple de la moto rattrape le coup. Même registre pénible : la boîte est un peu revêche. Les vitesses passent et se verrouillent correctement, le problème vient du manque de fluidité dans les changements de rapports. J'ai eu le sentiment qu'il fallait un peu brusquer le sélecteur pour naviguer sur les 3 premiers rapports. Après, c'est du tout bon.
Toujours à basse vitesse : on sent beaucoup trop l'embrayage qui bosse. En seconde et en ville, lorsque je débrayais/embrayais je sentais la boîte se désolidariser et se recoupler au moteur avec un "clac" sonore et étonnant pour une moto neuve. (1.300 km) Je pense qu'elle a été conçue comme cela, cet effet s'estompe lorsqu'on grimpe en vitesse, heureusement. Pour tout vous dire l'effet est le même que lorsque vous bloquez le frein arrière, moteur toujours en prise : la boîte perd de sa motricité et la reprend en faisant un "clac" avec la chaîne de transmission. J'ai ressenti un peu la même chose. Dommage car la boite s'oublie dès qu'on sort de ville.
La vie à bord est très sympa. Je me suis senti en confiance sur la FZ8. Une fois les pneus chauds, testons la partie cycle ! Le châssis est vraiment superbe. La moto vire bien, sans effort et les suspensions lissent les impuretés de la route comme par magie. C'est un point qui m'a halluciné. Les suspattes étaient réglées souples probablement, mais le travail qu'elles fournissent est bien supérieur à la prestation du GSR 750 : même sur mauvaise route, on a un très bon retour d'informations dans la fourche (et les bras !) alors que l'impression d'évoluer sur du coton m'a enchanté. Une fois sur route plus ouverte est plus arsouillesque, je me suis surpris à attaquer à grande vitesse sans crainte de décrochage. Les compressions sont douces, les détentes rapides et efficaces, et la moto reste unie en toutes circonstances. Une fois encore sur des freinages de connard-qui-teste elle m'a bluffé par sa stabilité : ça plonge peu, ça freine fort, ça reste bien droit ! Très sécurisant et plaisant !
Même si je suis léger (donc pas le mieux placé pour faire couiner le ressort arrière) le FZ8 m'a impressionné par sa sérénité. A très haute vitesse, nez dans le compteur, la machine garde le cap et rassure par le manque de vibrations parasites.
Le compteur, puisqu'on en parle. La pièce la plus laide de la bécane. Quand on grimpe aux commandes on fait "Beuh ?" Il fait son taf, avec un affichage analogique pour le régime moteur, et numérique pour le reste. On lit facilement ses km/h mais le reste est bof. Il y a deux compteurs journaliers et un compteur odométrique total, mais il faut naviguer entre ceux-ci : impossible d'afficher son kilométrage total et journalier en même temps, quoi. Voyant unique et quasi imperceptible pour les clignos, éclairage lambda, aiguille moche. Pas top, sur une meule à 8.000 eurothunes ! Coté moulbif, c'est beaucoup plus accessible que sur le GSR750. Le type de la concession Yamaha m'a dit que les ingénieurs ont essayé de faire du FZ8 une moto assez facile et utilisable au quotidien. Je suis bien d'accord là dessus, c'est le ressenti qui j'ai eu lors de mon essai; car même si la meule envoie fort, je ne me suis pas retrouvé dépassé comme avec le GSR.
La FZ8 est plus docile sur la première partie du compte tours. De 2.000 à 6.000 tr/min elle tracte avec sympathie mais de manière moins brusque que la Suzuki, par exemple. Ensuite les portes des écuries s'ouvrent à 6.000 jusqu'au rupteur à 12.000. Quand on s'approche du régime "kivabien" le pot nous gratifie d'un son très caverneux et gras ! Il m'a fallu même pas 10 km pour arriver à deviner mon régime avec le bruit du moulin !
J'ai pu franchement taper dans le moteur pour voir ce dont la moto est capable. Sur des routes désertes, j'ai eu l'impression que la machine posédait deux paliers de puissance : le premier à 6.000 tr/min comme je l'expliquais plus haut, où la machine quitte sa gentillesse et enfile son casque à pointes. Ensuite passé 10.000 tr/min c'est comme si les chambres de combustion pétaient un plomb car on se retrouve propulsé sur les deux mille derniers tours/minute dans un fracas mécanique digne d'éloges. Surprenant ! Je me suis surpris à pousser un long "Yeeeeehaaaaaaaaa !!!" alors que, pleine courbe, j'ai lu 11.750 tr/minute sur le cadran. En fait la moto pousse un petit peu au delà de ce qui est affiché comme zone rouge sur le compteur. (un peu comme le Hornet qui affiche 12.000 tr/max alors qu'elle rupte à 13.000)
Me voilà avec une grosse banane sous le casque et dans le froc alors que je me prends à comparer avec le GSR750. Sur ce dernier ça pousse tout le temps, partout et avec force. La Yam' est tout aussi costaude, mais peut-être un peu plus sage dans sa façon d'exploser dans les tours. Certains y verront un aveu de faiblesse, mais personnellement le moteur "accessible" allié au très bon châssis m'ont convaincu. C'est une machine équilibrée que nous ont pondu là les fabricants de flûte !
"Allo, Dieu ? Ouaiiiis salut c'est Taeron. Dis moi je suis un peu emmerdé là, je dois faire une photo de la nouvelle FZ8 pour les copains de PK et y'a un gros nuage qui passe. Tu peux pas le dégager steuplé ? Ah et puis si tu peux y ajouter quelques rayons de lumière, ce sera du plus bel effet, merci. Allez, passe le bonjour à Djizousse, on s'appelle et on se fait une bouffe un de ces quatre ! Tchuss !" Que dire de plus sur cette moto ? Je pense avoir fait le tour de mes sensations lors de l'essai. Tout ceci n'est bien sûr que ma propre expérience, et en général je m'abstiens de lire les tests sur internet des motos que j'aimerais essayer pour ne pas fausser mes impressions. Lors de mon retour en concession, le gentil commercial me demande "Et vous prévoyiez de changer de machine ou c'est juste pour essayer ?" je dois bien avouer que le mode d'emploi de la FZ8 m'a bien plu, au point de ne pas trop savoir quoi répondre. A l'heure actuelle si je devais prendre un roadster 750~ je choisirais celle-ci. Moins ON-OFF que la GSR, mieux équilibrée et moins lourde que la Z...je lui ai trouvé pas mal de qualités, et suffisamment de caractère pour ne pas s'emmerder ferme au bout de 10.000 bornes à son guidon. A mes yeux, la facilité dont elle fait preuve pour évoluer à vitesse légale est franchement appréciable...les mecs avec de l'écume au bord des lèvres se tourneront certainement vers des machines plus caractérielles. Reste que le niveau de finition de la bestiole est en accord avec le prix que demande Yamaha (8.000€ si je me souviens bien pour la N, et 8.500€ pour la version carénée) mais la FZ8 est un modèle de moto franchement bien foutu et jouissif à cravacher.