Le 11 mars de cette année, je surfe sur
www.Moto-station.com et j'y lis une brève sur les POC (les journées Portes Ouvertes Circuit).
Le principe est intéressant : pour un billet de 50e, on nous promet 4 sessions de 20min de roulage entrecoupées de présentations de produit et de conseils de pilotage par une pilote pro.
Je réfléchis un peu, pèse le « pour » et le pas « pour », j'y vais ou pas ? Rapidement ma décision est prise : l'année précédente j'étais tombé sur la route, et je m'étais promis de ne rerouler vite que sur circuit. La route, ce n'est pas fait pour rouler vite ! J'essaye de ramener quelques potes, mais ils se la jouent top lopette.
C'est donc seul que je m'inscris.
Depuis le mois de mars, je cogite, psychote pas mal. La semaine qui précède, la pression monte. Le boulot me réclame : j'ai un truc à livrer quelques jours plus tard. Je ne dois donc pas me faire mal.
Ma femme, ne dit rien, pas une consigne, pas une recommandation, et c'est pire que tout : Je dois donc pas me faire mal.
La semaine prochaine, je dois partir quelques jours dans les Alpes pour faire du VTT, les potes m'attendent de pieds fermes : Je dois donc pas me faire mal.
La veille au soir, évidement, l'informatique me joue ses tours habituels : impossible d'imprimer les convocations, les décharges et les autres papiers administratifs. Du coup, je me coucherai très tard. De toute façon, j'arrive pas à dormir, je tourne et me retourne dans tous les sens.
6 :00 j'attends que le réveil sonne pour me libérer. J'avais préparé toutes mes affaires, mais je galère encore pour finaliser ma préparation.
7 :15, j'allume le moteur, qui ronronne tranquillement. 100 bornes me séparent du circuit et je dois être là bas à 8 :00. Ben.....je serais en retard. Je suis tranquille sur la route, je cruise à 140 sur l'autoroute. Je double tous ces gens qui vont bosser, alors que moi, je devrais prendre un pied d'enfer. J'ai malgré tout une petite boule au ventre : serais-je à la hauteur ? Rentrerai-je sur ma moto ? N'aurais je pas du prendre la voiture et une remorque ?
Le circuit est la !
Faut y aller ! Je peux plus reculer. Je passe l'enregistrement, le contrôle technique et récupère une gommette jaune. Je dois rester avec les autres motos qui ont la même gommette jaune. Je rencontre un type sympa, Yann, qui lui aussi est seul. Nous nous tiendrons compagnie toute la journée. Il roule avec un Ducat'1000 SS.
Le groupe des jaunes, c'est, des 675, des ZXR neuves, un aprilia 250RS, un 750 stinger, un ZX4R, un 1198, un streetfigther, et un ZR7 (moi quoi !). Puis vient se joindre à nous un gpz11 de 83 !
Pendant que je vais regarder les autres groupes tourner, je loupe le 1er briefing. Ca commence bien ce truc. Je connais malgré tout les règles de bases : drapeau jaune, on se calme, le rouge, on rentre, on n'attaque pas sur le premier tour, et le reste, gazzzzzzz. Ca, c'est la théorie.
Le groupe est appelé en pré grille. Passage au sonomètre pour tout le monde....sauf moi ! J'ai la seule moto avec un pot d'origine.
GAAAAAAZZZZZ ! roputain, déjà la première épingle. La moto ne veut pas tourner. Je suis en retard, sur le freinage, sur la position, sur le regard, sur la trajectoire, sur l'accélération. Droite, gauche, gaz, freinage, grand gauche, bout droit, Droite, accélération, parabolique, accélération, pifpafpif, gauche, ligne droite de 600metres, droite léger, droite qui referme, droite, et c'est reparti pour un tour. Si je retiens ca, j'aurais retenu le circuit. Au bout de 20 min je sors du tourniquet avec plus de questions que de quoique ce soit d'autre. Mon pneu n'a pas une bouloche, je suis a la ramasse tout le temps. J'ai envie de rentrer chez moi.
Présentation pub, suivi d'un briefing sur la position du pilote sur la moto. Freddy Foray est donc notre moniteur. Apres un petit rappel du déhanché sur un roadster, faut retourner sur la piste. Pre grille, lâché des affamés. Ah oui, en faisant gaffe, la moto tourne mieux, je me fais plus surprendre par les virages. J'ouvre plus. La banane pousse sous le casque. Deux-trois fois je me fais atomiser par le peloton, régulièrement la RS250 fait des ronds autour de moi. Mais je m'applique. Sur la ligne droite, je me fais déposer correctement. Alors qu'ils arrivent tous à plus de 220 en bout de ligne droite, j'accroche péniblement le 180. Je freine encore trop ! Je me fais une frayeur sur un virage : je bloquerai toute la journée sur ce freinage....je trouve l'avant trop fuyant. Drapeau rouge, fin de session.
Nouveau briefing sur les trajectoires. Je trouve les miennes pas si mal après l'explication. C'est pas compliquer, faut viser les gros plots.
Pré grille, lâché des fauves. Tiens, de nouvelles traces de gommes strient le bitume. Bizarre, certaines traces de freinage ne devraient pas être la ! 5eme tour, drapeau jaune, puis tout de suite rouge, Fini ! Ca craint, je suis frustré. Juste quand je commençais à prendre plaisir, que c'est fini !
Pause pizza. Si j'aurais su j'aurais apporté ma bouffe, j'ai jamais mange une pizz' aussi degeu !
Le coca fait du bien.
On papote avec les vieux du groupe. Force est de constaté que les vieux roulent en kawa. Je suis tombé sur 2 spécialistes des vieilles Kawa. Les gars connaissaient toutes les variantes de production de certains modèles : stinger, 400 zxr, gpz et Z650. Ces deux gars courent aussi en anciennes.
4eme briefing : le freinage. Tiens sur circuit, on n'utilise pas le frein arrière. Ok : objectif de la session : déhancher, prendre le pifpafpif correctement pour être bien place pour la ligne droite et pas freiner de l'arrière.
Pré grille, gaz, on est de moins en moins nombreux. Par contre ca roule vraiment tres vite maintenant. Le differenciel de vitesse entre eux et moi devient franchement important. Je ne suis pas rassuré. Mon collègue du jour me talonne, je l'entends bien a ses grondements. Je vais de plus en plus vite, mais je me traine. Je tente des trajos différentes, je commence à prendre mes marques. Bref, là ca devient carrément addictif. Toutes les remarques que j'avais faites sur les suspattes de la moto s'estompent. J'y pense même pas : je suis trop occuper à gérer pleins d'autres paramètres. Seul le pneu avant ne me mets pas en confiance. Faut dire que le D205 n'est pas forcement à son aise dans cet environnement. Oui je sais c'est un vieux truc bien routier. Les 20 minutes sont longues. Le drapeau rouge arrive comme une libération.
Je suis enfin fier de mes pneus, mais force est de constater qu'il me reste encore un poil de marge pour pencher, mais les bouloches sont à la fête !
Pour notre plus grand plaisir, l'orga nous annonce que nous aurons une 5eme session de 10min, mais qu'en cas d'incident, le drapeau rouge sera sortir immédiatement.
Pré grille, gazzzzzz, je fais pleins d'erreurs, la fatigue est la. Trop d'informations à traiter en même temps. Je suis content de rouler, mais je n'enchaine pas correctement les zones, donc je suis moins vite. C'est tout de même bien le circuit !
Fin de la session de roulage.
Bilan pour le débutant de circuit que je suis:
Plutôt positif a tous les points de vue : les conseils du pro excellent pour se mettre en confiance, les présentations pub pas très envahissante.
A part la pizza degeu et une comm' parfois aléatoire, les points négatifs sont largement comblé par la joie de rouler sur piste.
Je n'aurais pas forcement le même point de vue si j'étais plus expérimenté.
17 :00, je serre la pince à mes camarades de jeu après avoir échangé nos téléphones respectifs. La, j'ai encore 100 bornes d'autoroute à me taper......ou rentrer par les Vosges.
Je choisi donc la seconde solution : direction Munster, la route des crêtes, puis redescente dans la vallée pour récupérer la route des vins. A Turckheim, l'appel de la terrasse est le plus fort. Je récupère, donne des nouvelles et déguste une limonade bien fraiche.
Je suis de retour à 19 :30, après 350 km de bécane, dont 100 de circuit. Je suis fatigué mais heureux. Je replonge dans les turpitudes de la vie de famille après cet intermède ludique.
Putain de bonne journée que je viens de m'offrir !