Oui, merci de ce témoignage oh combien révélateur....!
Donc je sais encore bien ce que je dis... Je ne comprend toujours pas où ces gars vont chercher dans leur cerveau le courage incroyable de s'exposer ainsi à la mort... Ils connaissent en TOUTE CONSCIENCE la sanction en cas d'erreur ou de pépins mécanique. Ils connaissent les règle du jeu, trouvent l'indécence égoiste de prévenir leur famille que c'est leur choix de vie...et que ceux-ci doivent respecter ce choix.
Je pense que pratiquer le TT à ce niveau est le résultat de nombreuses années de piste à moto, et qu'à force de piloter au taquet sur tous les circuits du monde, ces gars sont tellement blazés qu'ils cherchent à pousser le bouchon encore un peu plus loin pour recréer leurs sensations perdues sur les circuits aseptisés...
Ils vivent par et pour l'adrénaline, ce que je conçois tout à fait, j'en suis moi-même féru... Seulement, j'ai du mal à accepter leur égoisme vis à vis de leurs familles, des gens qui les entourent.
Il m'arrive régulièrement de faire du solo en escalade, ce qui est plus ou moins une démarche similaire à la pratique du TT... Seulement, je ne marche pas dans ces cas-là à 80% de mes capacités, ce serait plutôt 50 ou 60%, même si c'est une notion difficile à chiffrer. Il n'y a pas ne notion de compétition dans ma démarche, ce qui enlève le paramètre dangeureux lié à l'envie de faire mieux que les autres concurrents... Je suis seul et ne risque pas de tuer un spectateur en me plantant. Je n'ai pas le risque lié à la mécanique ou aux pneux, puisque c'est mon corps que je dois maîtriser et connaître... De plus, je n'impose à personne ce choix de vie puisque je n'ai pas de famille à faire vivre!
Il y a à mon sens beaucoup trop de paramètres ingérables pour faire du TT sans risque, ne serait-ce que la vitesse, qui à ce niveau, est incompatible avec le fonctionnement normal d'un cerveau humain.... Donc je persiste à dire que ces gars sont quand-même des têtes brûlées, puisqu'ils acceptent la possibilité de la mort subite dans leur jeu...
Quand je vais grimper en solo, je n'accepte pas ce principe de la mort, c'est d'ailleurs pour ça que je suis vivant aujourd'hui... C'est la voie choisie, la journée idéale, le sentiment de bien-être intérieur et de confiance qui permet de se rendre compte si le jeu est à faire ou à repousser au lendemain. J'ai le temps de m'écouter, de juger de la pertinence de mes choix, de mesurer mes capacités et les mettre en oeuvre au moment que j'ai décidé...
Il n'existe pas ces possibilités de choix sur une course de TT.... Le gars doit être prêt à courir à la date prévue, qu'il soit bien dans sa tête ou non... Qu'il pleuve ou qu'il vente, la course ne sera pas forcément annulée, et les conditions ne seront pas forcément celles pour lesquelles le concurrent s'est préparé psychologiquement....
Non, je crois que le TT est une discipline beaucoup trop aléatoire pour prétendre y participer par pur plaisir et pour la performance sportive... Il y a évidemment une part de leur conscience qui est inconsciemment suicidaire... Même si les pilotes ne l'avouent jamais. Tous préfèreront parler de bravoure, de courage ou de sang froid mais ne prononcent pas le mot suicide...
Je ne sais rien de tout cela car après tout, je n'ai jamais pratiqué le TT, mais d'un regard extérieur, c'est le sentiment qui me vient à l'esprit... Après avoir analysé avec objectivité les différents paramètres et risques, je pense qu'on ne peut pratiquer cette activité qu'avec un esprit de suicide plus ou moins développé...
C'est ce qui parait d'ailleurs le plus raisonnable à penser, car si aucun des participants ne s'avoue fasciné par la mort, alors il y a de grandes remises en question à faire dans ce monde de motards un peu "spéciaux"...!