Pour ce qui est des conditions de l'essai voir
https://forum.planete-kawasaki.com/index.php/topic,19409.msg532984.html#msg532984Terrain : 50/50 route/chemins (en temps de roulage) : alternance de bitume trempé par la pluie et de bitume séchant, asphalte dégradée par le gel, nid de poules, chemins de terre et de pierraille, gués de galets, quelques passages en boue et courtes cuvettes de sable... Le top pour un test sérieux
Premier constat : il n'y a qu'à considérer la taille des plombs visibles sur ma jante pour comprendre qu'il est absolument hors de question de monter ce pneu avant soi-même sans parachever l'opération par un équilibrage soigné de la roue... A moins de vouloir remplacer sans douleur ses prothèses dentaires
Voies rapides : au dessus de 70 km/h, la présence du TKC 80 est sensible. Non pas par un quelconque louvoiement ou bruit de roulage (souvenir ému du sifflement des Michelin Desert... ) mais par une étonnante stabilité de cap. Mon étonnement fut au point que j'en suis venu à secouer
mon guidon à plus de 100 km/h pour rechercher une éventuelle tendance au guidonnage... Rien, nada : la roue revient imperturbablement dans l'axe sans oscillations.
Cela s'explique par une inertie supérieure à celle d'un pneu de tourisme et donc à un effet de rappel gyroscopique accru. Effet collatéral, il faudra un peu plus d'effort pour balancer la machine dans les pif-paf ou la redresser en sortie d'une épingle serrée.
A titre de comparaison, une F 800 GS Adventure avec sa mince jante de 21 pouces parait nettement moins stable quand on descend de la Versys montée en TKC 80 à l'avant, le phénomène étant accru par le large guidon typé tout-terrain auquel on a tendance à s'accrocher quand l'on est secoué par le vent ou les turbulences des véhicules que l'on dépasse : à poids équivalent, la gazelle allemande est inconfortable à 140 km/h compteur sur autoroute - et d'autant plus si l'on est en duo avec le réservoir (à l'arrière) plein (sans même parler des désagréables résonances remontant sous le bec de selle... de la GS! Eh oui
).
Alors qu'à coté, une petite pointe de vitesse nous confirme que la Versys trace sa route sur un rail.
Étonnant mais bien réel... Comme l'usure prévisible de la gomme à ces vitesses qui sont hors sujet avec une surface au sol réduite par les crampons, d'autant que je roule à 2.3 bars à l'avant comme à l'arrière en prévision de la suite du programme de la journée et que je n'ai pas envie d'aborder des courbes serrées d'autoroutes à cette allure
même pour vous faire plaisir.
On continuera donc à un bon 110 km/h de moyenne pour rejoindre confortablement la montagne.
Avec le premier col au bitume en relativement bon état, l'étonnement fait place à la surprise de ressentir un bon grip sur l'angle jusqu'à éprouver le besoin de changer de technique de pilotage et de serrer un peu les vis de détente (qui agissent aussi sur la compression, je confirme) : fini le léger déhanché coulé et place au pilotage à l'impro, type rallye routier et super-motard, buste droit en opposition au contre-braquage, botte léchant le sol à coté du repose pied qui tangente le bitume dans les épingles...
J'exagère à peine mais comprenez que la limite est étonnamment éloignée de ce à quoi on pourrait s'attendre avec un pneu tout-terrain !
Encore un autre paradoxe de ce pneu décidément très étonnant : son profil vraiment taille basse (pour passer ses crampons dans la même section que les enveloppes de route, il faut le rappeler) lui donne une grande précision à la mise sur l'angle.
Mais voici déjà la première bifurcation vers la forêt, dégoulinante comme un baba après un bel orage nocturne. Et l'on va vite laisser là les camarades équipés de gros trails routiers montés en pneus trail aux profils glabre pour qui s'est instantanément "Holliday On Ice" : ils mettent la flèche vers le premier restaurant chauffé où Eurosport retransmet le warm-up du grand-prix moto de Misano
Fin de l'histoire pour eux.
Dans la première demi-heure qui suivit, euphorique, je perdis plusieurs fois l'avant parce que je roulais à un rythme trop élevé pour mon niveau et les conditions... et que je ne voyais pas grand chose à cause de l'eau dégoulinant sur mon masque et de la buée qui s'accrochait à mes lunettes de vue
Revenu à un peu plus de raison, les deux heures qui ont suivi n'ont été que du bonheur, pleines de petites dérives contrôlées facilement à l'accél. , de série interminables de virages entrecoupés de freinages négociés debout sur les repose-pied, de lacets vertigineux, mes années d'enduro me revenant dans les doigts, les reins et les jambes.
Frissons de plaisir plutôt que la morsure du froid et de l'humidité de cette journée qui restera comme un grand moment dans mes petites annales perso
Le retour vers la maison fut avalé en sifflotant avec la banane sous mon casque : j'étais fourbu mais j'avais le pneu dont je rêvais pour un usage que d'aucuns n'auraient pu prédire avec une préparation aussi simple à réaliser sur une Versys sortie de caisse.
GS men, vous voilà prévenus : les Versys débarquent sur vos terrains de jeu !