Jour 3 01/09/2014 KM1722 Santa Elena (frontière Venezuela/Brésil) – vers Boa Vista (Brésil)
TERRIBLE journée....espérons que ce soit la pire du voyage !
Grâce matinée ce matin, réveil à 07h00AM ...beaucoup mieux que les 05h30AM des jours précédents ! Vérification journalière de la moto, tout est ok. Je réussi même à faire le plein d'essence en passant devant une queue d'une heure...dont seuls les Vénézuéliens détiennent le secret. Direction le poste frontière du Brésil. Les papiers sont faits relativement vite, Mercosur oblige, les démarches de la moto sont très simples.
Me voila « à toute vapeur » au guidon de mon KLR...100km/h à 4500RPM, sa vitesse de croisière. A peine quelques kilomètres me séparent de la frontière que le moteur tousse. Rien de bon. J'ai 250km devant moi sans rien, pas une ville, pas une station essence. Le moteur ne tient plus le ralenti mais obtient de belles performances à plus hauts régimes. Le verdicts tombe vite, j'accuse le carburateur et l'essence que je viens de mettre dedans. Pour passer la frontière avec le Venezuela, les jerrycans d'essence sont interdit. Je l'ai donc vider juste avant le poste frontière dans le réservoir, celui ci était « contaminé ». Un peu de « starter » aide à maintenir le ralenti... décision est prise, je continue.
Arrivé à Boa Vista, le problème persiste et la traversée de la ville rend les choses compliqués. Je ne me vois pas non plus débarquer dans un hôtel et démonter la moto sur place. Encore une fois, je décide de continuer mon chemin vers Bonfim, le ville frontière avec le Guyana...je verrai ce soir ce que je peu faire.
Mais voila...le problème étant de plus en plus persistant, ne sachant pas si je pourrai trouver un endroit tranquille pour démonter la moto ce soir...je décide un endroit en pleine pampa pour m'arrêter sous un toit en tôle, à l'ombre du soleil qui brûle. Il est 13h.
J'entreprend le démontage du carburateur. Relativement sure de moi, je démonte l'ensemble en moi de 30min et vais droit au but. La bête est rempli de « merde », de sable etc un bon nettoyage était nécessaire ! Avec tout autant d'assurance je remonte le tout...démarre...je meure ! Le problème n'a pas été résolut. J'insiste...la batterie donne rapidement des signes de faiblesse...je redémonte !
Deuxième démontage et même résultat. Je meure de soif, il fait 34°C à l'ombre, l'heure tourne, le soleil baisse, je suis seul au milieu de nul part...lorsque des indigènes venant de « je ne sais où » s'assoient à cote de moi et m'observent. En bon public, ils gardent un silence absolue en me voyant me débattre avec cette machine. L'un d'eux se rend vite compte que ma soif est désormais intenable et me sort – de je ne sais où- de l'eau fraîche. MERCI !
Nouvel essai de la moto – RIEN – la batterie presque HS et le soleil qui se couche. « Mes » indigènes me glissent en douceur qu'ils m'inviteront volontiers – un réel réconfort - dans cette opération à cœur ouvert que me rappel à l'ordre. Projet trop ambitieux ? Une boucle gigantesque en 3 semaines et déjà , après 3 jours, je ne suis pas capable de réparer ?
Je reste perplexe. Il reste deux visses du carburateur que je n'ai pas démonté. Il s'agit du « cut off » pour éviter les explosions à l'échappement en décélération. Ce truc ? Ca sert à rien. Mais puisque c'est l'unique chose que je n'ai pas encore démonté, j'y vais. Cette « valve » est équipée du plus petit joint du carburateur – qui bien sûre maintenant que la nuit est proche – va tomber quelque part derrière le démarreur. J'implore dieux, j'ai faim, je suis stressé, mon voyage ne tient qu'a un file, je ne sais pas où dormir, ce joint sera de toute évidence introuvable...il faut le trouver.
Par chance, celui ci apparaît sous les dernières lueurs du jour. J'en profite pour casser le filtre à essence...rien ne va plus...je crois que j'en ai un quelque part... Il faut que je me fasse à l'idée d'abandonner ? De réparer mais où ? Par qui ? J'ai la plus grande méfiance des pseudos mécaniciens qui abîment plus qu'ils ne réparent, un peu comme moi en ce moment. Il fait désormais nuit. Je me suis fait à l'idée de dormir avec mes « très » discrets indigènes. Je remonte « à la va vite » afin de limiter le risque de perdre des pièces. Il fait désormais nuit noire, je remonte les bagages. Je fais un essai de démarrer le moteur pour rapprocher la moto de la où j'imagine que vit cette tribus. BROUMMMMM le moteur part au quart de tour, comme si de rien. Je cris de joie ( et ceux qui me connaissent savent que c'est pas fréquents !)...j'embrasse mes indigènes, les remercie de leur présence...ils ont été toujours là, pendant d'interminables heures, à m'observer. Des adieux très chaleureux, je reprend la route, n'osant pas leur demander l'hospitalité maintenant que le moteur marche.
2h plus loin, Bonfim apparaît. Une ville fantôme, rues en terre...où vais dormir ? Très vite on m'informe que le route de Georgestouwn est un désastre...mais ça c'est pour demain !
La moto en pièce :
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Le carburateur « à plat » :
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Jour 4 02/09/2014 KM2080 Bonfim (Brésil) – Vers Georgestouwn (Guyana)