Histoires de motards, de la vie et du reste...

Démarré par BJBtheBEAR, 10 Août 2011 à 22:06:55

« précédent - suivant »

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

BJBtheBEAR

La moto, on l'entend souvent et on l'expérimente soi-même parfois est une passion dangereuse. La première histoire que je vous vous raconter est une histoire qui par chance a bien terminé mais a fait remonter a la surface bien d'autres expériences aux conséquences parfois bien plus tristes.

Cette première histoire s'est écrite il y a moins d'un mois, juste après que j'ai obtenu mon permis moto. Sur ma route pour aller voir ma grand-mère a l'hôpital ( fracture du col du fémur après une stupide perte d'équilibre en voulant s'asseoir), j'emprunte comme très souvent le périphérique parisien en voiture. Le trafic est dense mais rapide et je suis sur la file la plus à gauche bien écarté pour laisser passer les quelques motards qui circulent sur la 3bis malgré la fine rincée d'un peu plus tôt.

Au volant, je dresse mentalement la liste de ce que je dois faire pour m'occuper de mon grand-père le temps que ma grand-mère soit en état de rentrer: courses, cuisine, lui donner le bain... l'atmosphère dans l'habitacle est morose et la radio n'aide pas avec une chanson bien déprimante. Pourtant, mes sens sont en alerte car un provincial à une trentaine de mètres sur la file de droite devant moi tient une trajectoire qui zig-zag sans cesse dans sa file. J'arrive bientôt à son niveau dans le virage de droite en descente qui suit le tunnel près de la porte des lilas. Toujours sur ma file de gauche, j'aperçois une fazer grise qui s'apprête à nous dépasser et j'anticipe un autre écart de cet automobiliste.

Évidement, ça n'a pas manqué: alors que la Fazer est sur l'angle dans le virage, le gars se déporte une nouvelle fois sur la gauche et fais peur au pilote de la moto, qui pousse son guidon en freinant mais perd l'avant sur le marquage au sol rendu glissant par la saucée. Je monte sur les freins tandis qu'il glisse sur les fesses sur une bonne dizaine de mètres. Sa Fazer elle a continué le virage et est venue se stopper sur la file de gauche.

Le motard s'est relevé immédiatement et je me suis arrêté derrière lui en bloquant la 3eme et la 4eme voie pour qu'il puisse relever sa machine. Il s'est retourné et m'a remercié d'un signe de la main, puis s'est dirigé vers sa machine un peu plus loin.

Un peu tremblant car je le voyais déjà sous une voiture, je n'ai pas osé sortir de la mienne tout de suite après l'arrê tpour l'aider a relever sa bécanne mais j'ai avancé ma caisse en même temps que lui pour éviter qu'un abruti ne me passe par la droite et ne se rabatte sur lui plus loin devant. Il a rapidement redressé sa machine et hormis un pare-carter qui a mangé ( on s'en fout, il est la pour ca) et un coté personalisé façon zèbre de bitume, rien à signaler. Le motard, vraisemblablement choqué est remonté dessus et reparti sans qu'on échange un mot. De même, je n'ai même pas noté le numéro de la voiture qui roulait façon bourré.

Si par hasard tu me lis, j'espère que tout va bien pour toi malgré cette frayeur. Ce jour là, je suis heureux d'avoir anticipé le pire, mais sans l'expérience du deux-roues et de la roue avant qui se dérobe ,je l'aurais surement harponné. Ce qui m'a renforcé dans ma conviction qu'une formation au deux-roues devrait être obligatoire pour le permis voiture afin qu'ils comprennent les dangers qui nous guettent!

Je posterai les autres histoires plus tard, en attendant, V à tous et prudence sur les routes.
Certains font le bien mais le font mal, d'autres se font juste bien mal :)

BJBtheBEAR

#1
Ma deuxième histoire ne me place pas non plus au guidon, mais elle est extrêmement dure alors âmes sensibles, abstenez vous.

Elle s'est produite en 2008, un été où je travaillais comme brancardier avec les secours aprés une année d'étude en médecine ( et bien évidemment plusieurs formations aux premiers secours, spécifiquement pour les grands brûlés et les accidentés ). Comme souvent en région parisienne, les pompiers sont parmi les secouristes les plus sollicités pour des incidents ménagers et les accidents de la route. Ce soir là m'a marqué à vie: c'était un soir de la mi-juillet, un peu après 21h30. Il faisait encore chaud et très clair à l'extérieur quand on a reçu l'appel: on nous signalait un accident impliquant une moto et un semi-remorque sous le tunnel de Saint-Cloud.

Notre véhicule part, et un des secouristes me mets en garde: "je te préviens, généralement moto et camion, c'est pas beau a voir. Si jamais tu te sens mal, préviens nous et n'hésite pas a t'éloigner, on t'appellera si on a besoin de toi. Y a pas de honte a avoir, la route c'est souvent horrible."

Relativement confiant, je lui ai répondu que j'avais déjà été sur des accidents très graves et que je pourrai faire ce que j'avais a faire en toutes circonstances... en y repensant aujourd'hui, je me dis souvent que les accidents les plus horribles dépassent l'imagination la plus morbide que l'on peut avoir.

Je sens le fourgon ralentir et on commence à préparer le matériel de premier secours, les bouteilles d'oxygene, le brancard... on descend de la camionnette et la première chose qu'on voit sous le tunnel relativement dégagé, c'est la moto coincé dans la partie qui sert de pied quand la remorque du camion est posée a terre. le cadre forme un angle qui défie l'entendement.


Le chauffeur, un étranger qui devait certainement traverser la France avec un timing bien plus serré que nos chères 35h est avec un agent de police. Il ruisselle à grosse goutes, de sueur et de larmes. Il semble usé, éprouvé mais pas blessé. Mon regard balaie alors la chaussée machinalement. Prêt a ramasser les morceaux,  je passe dans un état d'esprit qui me laisse indifférent a tout, hermétique au monde extérieur.

Ceci se passe très vite, l'espace de quelques secondes. Une analyse banale d'un lieu d'accident. Mon attention est attiré par une policière livide qui nous fait de grands gestes. Elle nous hurle de nous presser et d'apporter du matériel de désincarcération. C'est seulement en arrivant a son niveau qu'on a compris.

Personne ne pouvait voir le motard de là ou nous nous tenions avant, et pour cause: il était coincé entre les deux roues de la double roue arrière du poids lourd. Compressé et désarticulé comme une poupée de chiffon, son corps aussi présentait plusieurs angles qui défiaient l'entendement. C'est son casque, pris entre les deux pneus qui avait littéralement entrainé le reste de son corps autour de l'axe de roue, face vers l'extérieur.

C'est en posant l'équipement près de la remorque que la plupart d'entre nous a réalisé: les bruits/paroles qu'on continuait  d'entendre ne venaient pas de la policière. Ce chiffon désarticulé était encore en vie.

Soulever la remorque en pleine charge d'un poids lourd en descente à la sortie d'un tunnel demande énormément d'équipement, et c'est impuissant ( mais en essayant quand même une découpe sauvage de l'axe des roues ) que nous avons vu progressivement s'éteindre la vie de ce motard, sous nos yeux.

Il était conscient, il voulait parler, sentir une présence près de lui, savoir que quelqu'un prendrait soin de ses affaires. Malheureusement, même en arrivant plus tôt et avec tout l'équipement du monde, personne n'aurait rien pu faire tant il ressemblait plus à une masse informe sanguinolente qu'a un être humain après s'être fait écraser plusieurs fois par les maudits pneus qui l'ont emprisonné.

Dans un sens, je suis heureux de ne jamais avoir vu son visage, car je pense que je n'aurais jamais pu l'oublier. Je pense à lui chaque fois que je double un poids lourd, et je pense aussi au chauffeur de ce camion, qui doit vivre avec cette horrible vision chaque fois qu'il reprend la route certainement. d'après la police, le motard a été poussé sous le camion...

Sur le retour, le camion était parfaitement silencieux. Personne n'a dit un mot jusqu'au lendemain, et il a fallu énormément de temps avant qu'on ose reparler de cet accident. Les policiers aussi étaient très mal, 3 d'entre eux se sont écartés pour vomir et un motard de la gendarmerie qui passait par hasard et s'est arrêté à fait un malaise et a été mis sous oxygène. Moi même je me suis senti terriblement mal en remontant dans le camion une fois l'urgence de la situation passée...


Encore quelques histoires qui me trottent dans la tête mais je trouve celle ci particulièrement dure, alors je posterai les autres plus tard... ( ça fait du bien d'en parler quelque part )

V a tous
Certains font le bien mais le font mal, d'autres se font juste bien mal :)

Taeron

Pfouah...c'est dur à lire tout ça. Ca va aider à garder la tête froide au guidon, mais putain quelle expérience atroce tu as dû vivre, rien qu'en te lisant ça m'a foutu mal  :(

eric14400

Citation de: BJBtheBEAR le 10 Août 2011 à 22:06:55
La moto, on l'entend souvent et on l'expérimente soi-même parfois est une passion dangereuse. La première histoire que je vous vous raconter est une histoire qui par chance a bien terminé mais a fait remonter a la surface bien d'autres expériences aux conséquences parfois bien plus tristes.

Cette première histoire .....

Ce qui m'a renforcé dans ma conviction qu'une formation au deux-roues devrait être obligatoire pour le permis voiture afin qu'ils comprennent les dangers qui nous guettent!

Je posterai les autres histoires plus tard, en attendant, V à tous et prudence sur les routes.

+750

J y croyais dure comme fer. mais après réflexion c'est quasi impossible car le deux roues n'est pas à la porté de tout le monde.
Premier exemple mon Papa est motard, mon frère va s'y mettre, moi j'y suis, Mais ma maman qui est à l'aise en passagère ne sent pas capable de piloter, la connaissant, elle paniquerait. ET elle ne veut pas.
Deuxième exemple, j'ai un vieux pote, comme moi ,30ans, seulement il ne sais pas faire de vélo Oo:.... pour le deux roues c'est mort, non ???
Deux exemples dans mes proches alors imagine a l'échelle de la France.

Formation deux roues OUI mais elle ne sera hélas que théorique, Why not, avec des vidéos et des explications. :-[

ludo-le-motard

C'est un témoignage poignant. J'ai la chair de poule rien qu'à te lire.

eric14400


Salut

En tant qu'ancien MIB (d'ailleurs c'est une des raisons pour laquelle j'ai arrête), j'en ai vue et fait des trucks difficiles.
Pompier, Samu, policier, gendarme, ils en voient des vertes et des pas mures.

Je me souviens (ma première grosse inter sur le route) d'un ado,sans permis, qui c'est crashé contre un arbre, avec un camion genre Master. Il lui manquait la moitié de sa tête.
Sauf que lorsqu'ils ont élevé le corps. ils ont oublié une moitié de cerveau sur la route ...qu'il a fallu ramassé après.

C'est genre de souvenir qui marque alors n'hésite pas à nous en faire part en cas de besoin si ça te libère.

 

antho14zr7

Je suis intervenu sur un plusieurs accidents mais là......


Cette seconde histoire est vraiment poignante, j'ai senti monter en moi un espèce de mal être en te lisant. Quel effroi de devoir rester impuissant. Quand j'interviens sur un accident comme çà je dis ou plutôt j'espère (faut pas se voiler la face) que le gars et mort sans souffrances,  mais là il n'y a pas de doute à avoir.

Paix à son âme.  V

Je te tire mon chapeau d'avoir pu nous raconter une histoire pareille. Et merci car une piqure de rappel sur les dangers de la route ne fait pas de mal.

RomD

Citation de: antho14zr7 le 11 Août 2011 à 10:03:43

Je te tire mon chapeau d'avoir pu nous raconter une histoire pareille. Et merci car une piqure de rappel sur les dangers de la route ne fait pas de mal.

+1 ça nous ramène bien sur terre et j'en avais déjà lu une dans ce gout là, je crois que c'est une histoire de Pierrot

RomD


antho14zr7



Sujets Similaires (3)