Je mets deux-trois impressions (100% objectives, venez pas chialer dans mes jambes après
) concernant ma Honda et les 600/750cc que j'ai pu essayer récemment. Certaines motos que j'ai pu conduire se trouvent d'ailleurs dans la rubrique "essais" et d'autres non, car l'essai était souvent trop court ou trop peu...concluant !
Le mètre-étalon : Honda CB600F Hornet 2007Voilà à présent 2 ans et plus de 30.000 kilomètres que je conduis ma petite Honda. A la base, je voulais une moto plus ludique et légère que mon ancien ZR7S, que j'aimais énormément. Etant d'un gabarit léger, je me suis dit qu'une cylindrée moyenne en 4-cylindres serait un bon choix pour continuer à explorer les notions de la conduite motocyclique
A la suite de mon test, je fus emballé par le mode d'emploi du Hornet, au point de signer le chèque rapidement.
Je conduis cette moto tous les jours, par tous les temps, sauf lorsque le mercure descend en dessous de 2°C. (Pas trop envie de me mettre au tas vu l'humidité hivernale du coin) Jusqu'à maintenant je n'ai eu qu'à me féliciter de sa polyvalence et de son incroyable constance. Sans déconner, cette moto est légère, facile, souple et puissante si on la taquine. Je n'ai (à l'heure actuelle) pas besoin d'autre chose.
Au quotidien c'est une bonne copine :
- En ville, le 4-cylindres ne chauffe pas trop et la régularité du circuit de refroidissement me permet de supporter quelques ralentissements sans trop craindre pour le moteur. Ce qui n'était pas le cas avec le ZR7 ! La jauge de température se cale sur 79°C en température de fonctionnement, oscille entre 80° et 83°C en cas de forte sollicitation (grosse charge moteur quand on est constamment dans le dernier tiers du compte-tours) et le ventilateur se déclenche à 105°C en ville pour maintenir la moto entre 100 et 105°C.
On s'en fout me direz-vous. Pas forcément quand comme moi on a budget très restreint et que la moindre avarie moteur se transforme vite en privation de rouler pendant un long moment. Savoir que le moulin tourne nickel est rassurant. (et puis merde, on a le droit d'avoir des névroses !
)
La chaleur ne remonte que très peu pour le conducteur, même en été et en ville c'est supportable. Bon, ok, la notion de supportable est subjective mais je ne me suis pas senti cuire comme un poulet comme ce fut le cas avec le R1 que j'avais essayé.
Lorsque l'on sort de ville c'est une moto plaisante à emmener. La grande souplesse du 4-en-ligne Honda, de pair avec l'excellente partie cycle autorise un roulage vraiment amusant et très peu fatigant. J'ai accompli tous types de parcours avec ma Hornet : de petits trajets, des balades solo, de longs aller-retours sur un week-end...tout lui va. Le vent n'est pas un gros problème même si à partir de 130 km/h il faut rester détendu et se recroqueviller un peu si on ne souhaite pas souffrir de sa pression sur le haut du corps. Le Hornet n'est pas une routière mais demeure rigolote sur les longues liaisons. Exemple : un peu fatigué à la fin d'un aller vers Nancy, je me heurte à une déviation qui m'impose de faire un détour de plus de 20km sur mon itinéraire initial. Problème : je vais arriver à la bourre et je suis un peu crevé, donc je lis moins bien la route. J'ai donc fait contre mauvaise fortune bon coeur et ai ralenti le rythme jusqu'à la fin du voyage : 80km/h maxi pour pas me faire surprendre. La machine s'est avérée rassurante sur de très mauvaises routes où je n'avais absolument aucune confiance. (trous, bosses, graviers et j'en passe : une honte) Je suis arrivé sans encombre et content d'en avoir réchappé. Le lendemain, nulle trace de courbature.
Le réservoir permet des autonomies de 300 km grand maximum. C'est moins que ce que je marquais lors de mes premières évolutions avec la moto, car il est possible que je la conduise de manière plus aggressive qu'avant, donc plus gourmande en carburant. Le remplissage est très chiant, et très long. C'est comme si les derniers décilitres s'écoulaient lentement dans le réservoir...c'est lourd. Cela dit, il m'est arrivé un drôle de truc l'autre fois : j'étais sur la réserve depuis 40km et je devais faire le plein. Je laisse la moto chauffer sur la béquille latérale et elle s'éteint ! Panne sèche ? Pas sûr : il restait encore un peu de coco mais la meule n'a accepté de redémarrer qu'une fois bien droite. Je n'ai fait qu'une panne sèche véritable une seule et unique fois, au bout de 320 km totaux : et je l'avais cherché. Par conséquent, tant qu'on se met à la recherche d'une pompe à partir de 250km parcourus, on est à l'abri de ce genre de déconvenue. (et ça rime, yesss.)
A noter que la machine est bien moins gourmande avec du SP95 normal qu'avec du SP95-E10 ou du SP98. Sans doute une question de qualité de combustion et de stoechiométrie optimaâââââle. Je fais 250km avant réserve avec du SP95, et 220km avant réserve avec du SP98 en ayant la même conduite. Notons que la difficulté de remplissage du réservoir ne permet jamais de savoir si on l'a rempli à 100% ou si on peut rajouter le demi-litre d'essence qui peut prolonger l'autonomie.
La machine ne consomme pas d'huile. Je mets de la 10w40 Extralub de chez Leclerc (c'est pas cher et c'est pas mal) et la machine fait son taf sans problème. La boîte est peu être un peu revêche lors du rétrogradage "seconde-première" mais pour le reste c'est dans du velours huilé au beurre fondu que les rapports s'enclenchent. Le grondement bien connu par les possesseurs de Hornet quand on est au point neutre existe toujours mais n'est pas du tout gênant ni même alarmant. Ca se remarque avec la pratique, voilà tout.(vous vouliez des détails idiots, vous en aurez, mes p'tits cocos !)
Etant un sale pauvre (copyright N.Sarkozy 2007) je fais l'entretien moi-même. Bon, "entretien" est un bien grand mot ! Je fais le maximum vu mes compétences en mécanique parce que j'aime ça, que je n'y comprends rien et que ça m'énerve de rien paner : du coup je m'archarne et au final je parviens à distinguer le klaxon des injecteurs. Même que des fois je me fais aider par des Normands sous-payés. Faut savoir que le Normand, ça bosse bien, mais ça vous vide un bar en moins de deux, donc gaffe. (surtout si vous avez le dos tourné. D'ailleurs ne tournez JAMAIS le dos à un Normand, surtout s'il est bourré à la bière comme une otarie : c'est dangereux.)
La réputation de fiabilité des blocs Honda n'est pas usurpée : lors du dernier démontage du haut-moteur pour régler le jeu aux soupapes, (à 36.000km, la moto en a 42.000 aujourd'hui) Rafale et moi n'avons eu qu'à mesurer les jeux et constater qu'ils n'avaient que très peu bougé. Certains jeux étaient même à leur valeur initiale ! Point de pastillage, donc. Ce fut autant de temps gagné -à boire des bières- que d'argent économisé.
Les vidanges sont faciles à faire, l'entretien usuel également. L'absence de béquille centrale est chiant mais pas indispensable. Carton jaune pour l'accessibilité aux puits de bougies qui est délicat si on ne veut pas tomber le réservoir. Pour le reste c'est du solide : en 30.000+km j'ai changé une fois de chaîne cinématique, trois fois de pneus (deux AR et un AV) et c'est tout. Les dépenses annexes telles que les patins de protection ne rentrent pas en ligne de compte. Le prix des pièces pour vidange et filtre à huile est très correct. J'ai acheté des bougies iridium qui rendent le moteur un peu plus rond à la relance et pour leur grande longévité.
Autrement, cette moto est facile à vivre, même pour un tout petit budget comme le mien. Je ne suis pas un maniaque de la propreté et j'avoue être découragé par la saleté qui s'insinue s'il pleut après l'avoir nettoyée. Malgré tout les plastiques et l'ensemble des finitions vieillissent bien. Seuls des impacts sur la fourche sont à déplorer, ainsi que deux ou trois pierres qui ont griffé le garde-boue AV : ceci est à imputer aux DDE locales qui tapissent amoureusement les routes de graviers bien épais, pas à la qualité des pièces Honda.
Bon, okay et l'attaque ?! Ben, à l'attaque je...quoi ? Oh putain arrêtez de rire dans le fond de la salle, je vous hais. Ouais, ok je reprends.-_-
Donc quand je HAUSSE le rythme (ne parlons pas d'attaque, les mauvaises langues me surveillent) le Hornet est une moto qui représente le "Total Control" cher à Tadao Baba lorsqu'il créa les premiers CBR Fireblade au début des années 1990. L'héritage Honda transpire quand on conduit le Hornet : c'est stable, agile, prévisible et...sage ? Soyons clairs : au bout de 2 ans de conduite, je ne sais toujours pas mettre la moto à bloc et foutre la poignée dans le coin à chaque rapport, tout simplement parce que j'me fais dessus à chaque fois et que...eh bien...c'est pas ma conception du plaisir motocyclique. La Hornet est une bonne moto pour moi. La partie-cycle renvoie pas mal d'informations pour une conduite routière, même appuyée, et le moteur ne me déborde jamais car je connais mes limites. Les énervés du bulbe et les adorateurs de zone rouge continueront à se palucher sur leurs courbes de puissance/couple et sur leur feuille de passage au banc, moi c'est pas mon truc. Ce qui me fait bander avec une moto c'est d'en tirer la quintessence, de sentir qu'on passe les virages avec souplesse et fluidité et d'apprécier la mécanique à sa juste valeur. J'ai toujours préféré les petites motorisations agiles aux grosses armadas de chevaux que je ne saurais de toute façon pas gérer ! Avec le H6, je m'amuse. Et c'est cooooool.
Le train avant est agile, et la position de conduite droite ne vous sollicite pas outre-mesure quand vous voulez envoyer du gras. L'absence de protection rend le vent pénible au delà de 140km/h. J'avais un saute-vent (moche) que j'ai viré depuis pour épurer la ligne de la moto. Etrangement je profite encore plus du bras de levier efficace que propose la moto. Notons que tout est d'origine sur ma bécane, sauf le silencieux. Le cadre en épine dorsale si cher à la marque, en aluminium, est très rigide quand la route devient cahoteuse. Ce cadre, associé à la fourche inversée à l'avant, a rattrapé quelques-unes de mes erreurs de jeunesse et excès d'optimisme lors de passages en courbe olé-olés : la moto reste stable et vire proprement, même lors de changements d'angles prononcés et rapides. L'amortisseur AR commence à fatiguer et je sens que la sérénité n'y est plus car cela pompe un peu sur les revêtements mauvais. En dehors ce ces points, le guidage est intuitif et la moto parfaitement saine en toutes circonstances.
Il est facile d'enserrer le réservoir avec ses jambes malgré sa drôle de forme, et les aficionados du déhanché extérieur pourront s'amuser avec le faible poids de la bête. Pour le gens normaux dont je fais partie, la posture est particulièrement neutre
Le freinage est bon à l'avant, sans mordant, mais efficace et facile à doser. Je pense avoir un disque un peu voilé à l'AV car il arrive (rarement) que je ressente des tremblements sur la fin de gros freinages. Ce n'est pas imputable aux étriers/maître-cylindre Nissin qui font un très bon travail. Le frein AR est timide est peu puissant. Pas génial. De plus, il est facile d'utiliser le frein moteur léger dont dispose la Honda pour préparer une courbe délicate : un rétrogradage et hop, on se remet dans la plage de régime qui convient le mieux avant de tourner.
Il faut fréquemment jouer avec votre pied gauche pour passer les rapports sur la Honda. Personnellement, j'aime beaucoup. D'autres ont ça en horreur. En gardant à l'esprit que nous parlons d'un 4-cylindres en 600cc de cylindrée, on ne peut logiquement pas s'attendre à rouler en 6ème partout, tout le temps. Etre à l'orée de la plage de régime qui réveille le moteur (7.000 tr/min environ) demande de tricoter un peu avec la boîte. Mais qu'est-ce que je me marre
Les relances les plus solides se font en 2nde, 3ème, ou 4ème. Les rapports supérieurs sont un peu mous mais bien suffisants pour une utilisation quotidienne. Même en roulant en 6ème sur nationale aux allures légales, une relance en 5ème suffira largement pour doubler rapidement une voiture. (ou deux, ou vingt, c'est vous qui voyez) Comme je le disais, le moteur est étonnamment rempli dans le bas du compte-tour et ne force pas la moto à faire du sur-place si on ouvre à 4.000tr/min : c'est surprenant pour cette cylindrée. Il y a toujours de la réactivité dans la poignée droite. C'est un trait de caractère utile au quotidien que je n'ai pas retrouvé sur beaucoup de 4-en-ligne.
Que dire de plus...j'ai parlé de l'entretien courant, de la conduite journalière, de ses qualités, ses défauts. Le Hornet est une très bonne machine, certains n'aimeront pas sa plastique 2007-2009 trop ronde et particulière, et ça se respecte. En revanche le plaisir d'avoir une machine efficace, peu coûteuse, ludique, et qui vieillit bien est à mes yeux énorme. J'ai discuté récemment avec un type qui venait d'obtenir son permis, et cherchait une 1ère moto. Comme nous tous, il s'appuyait sur le discours des journalistes spécialisés, sans être objectif. Lorsque je lui ai fait remarquer qu'il valait mieux trouver une machine adaptée à sa philisophie et non se cantonner à l'achat de ZE meilleure moto du marché, j'ai vu que j'avais marqué des points. Plutôt que d'aller en concession et de craquer sans réfléchir, il a essayé quelques meules et s'est finalement trouvé très à l'aise sur une CB750 ! :] Pour le moment le H6 est la moto qui me sied. Je rêve toujours d'un VFR RC46D avec sortie haute LeoVince et couleur bleu-nuit mais y'a pas le feu...comme on dit qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse
Qualités :- Moto facile
- Moteur souple et volontaire
- Entretien peu coûteux et aisé
- Explosivité dans les tours
- Robustesse de la mécanique
- Partie-cycle irréprochable
Défauts : - Moto prévisible et "sage"
- Esthétique sujette à controverse
- Faible cylindrée qui demande à jouer de l'embrayage
- Echappement moche sous le moteur (je m'y ferai jamais)
- Accessibilité mécanique parfois rebutante
- Freinage AR franchement mou
- Vous force à vous sortir les doigts du cul en cas d'arsouille avec des mecs surarmés