Suzuki GSR 750 2011
C'est les essais Suzuki en ce moment ! La concession de Saint Cyr à Tours propose plusieurs machines à l'essai, dont le GSR750 tout fraîchement débarqué, mais aussi la SFV Gladius 650, l'Intruder 1800 et quelques autres motos sympa. Nous arrivons en concession avec un pote à moi, on remplit les papelards, et nous voilà partis en virée pour 30 minutes chacun sur le "gros" GSR de chez Suzuki.
Je suis force Rouge devant et Noir derrière ! L'esthétique d'abord ! Par rapport à son homologue 600cm3, le GSR750 donne dans le genre taillé à la serpe, comme de coutume pour les sept-et-demi de la production moto actuelle...du moins chez les nippons. Personnellement ce genre de tics dans les coups de crayon des designers me laisse assez froid, un machine n'a pas besoin d'être ultra-agressive pour être jolie. Malgré tout, la GSR réussit le pari de ne pas faire dans la surenchère par rapport à la Yamaha FZ8 et surtout la Kawasaki Z750.
Le style GSR est reconnaissable aux larges écopes de radiateur, la forme trapue du réservoir, le 4-en-1 sous le moteur et le phare avant très acéré. Les clicos ont retrouvé leur place sur le museau de la moto. L'arrière est novateur par rapport à la six-cents et abandonne la double sortie sous la selle pour un pot normal et chromé (!) du coté droit de la "beYte". (copyright Rafale 2010)
Une bien belle machine, le cadre peint en noir est appréciable ! ZE détail qui fait tache : le bras oscillant tout pourri. :/ Nous voici partis pour l'essai routier, dans un premier temps je reste derrière mon copain Pierre-Nicolas qui se fend de la première demi-heure d'essai. J'ai donc le temps de regarder le "cul" du nouveau GSR : très fin et se terminant en pointe, ce qui tranche avec le coté amssif de l'avant. Malgré tout l'intégration de la bavette arrière et les feux à LED sont très visibles.
Bon je l'avoue, il a fallu que je bride mon exceptionnel niveau de pilotage pour accepter de rester derrière Pierre-Nicolas et éviter de l'enrhumer comme je le fais fréquemment.
Néanmoins le GSR possède un coté mastoc qui plaira aux plus kékés d'entre nous, on voit bien la différence avec la version 600, qui conserve ce coté plus menu.
Je pense qu'un ingénieur Harley a bossé avec Suz' pour concevoir ce pot chromé. Le pire ? Il est plutôt classe, en fait... Bon allez passe-moi les clefs, c'est à moi c'est mon tour !
C'estàmoi-c'estàmoi-c'estàmouaaaaaaaaaaaa !!!
Je confie mon Hornet à mon ami pendant que je monte sur le GSR pour ma demie-heure d'essai. Bon, je l'avoue j'ai dû bouffer 5 minutes sur les 30 qui m'étaient allouées en recommandations genre :
"tu fais bien chauffer ma grosse hein ?"
"tu peux taper dedans mais fais gaffe au frein arrière, il est faiblard"
"non, steuplé, pas de wheel, je tiens à mes roulements de roue avant et j'ai pas le budget d'un émir Arabe"
"gaffe à la puissance qui débarque vers 7.000 tours, elle devient carrément vicieuse"
"t'es sûr que tous tes papiers sont en règle avant de monter sur MA machine ?"
"tes mains sont propres au moins ?"
Bref, me voilà dessus, c'est parti pour l'essai.
Ca va chier.
Le bloc compteur : la prise d'infos est normale, le témoin de rapport est sympa ! Zone rouge à 11.000 tours minute. On s'en contentera
Dans la rubrique "moins" : les témoins de clignotants/feux/point neutre/turbo boost/lance-roquettes sont très petits et pas très visibles, surtout en plein soleil...Notez le système de clé codée, dont le neimann est placé sur le réservoir, tout comme la petite 600 :]
En selle ! Whaaaaaa putain c'est comme la 600 mais en pire ! La position est TRES en avant, juste au dessus du saute-vent, la selle est aussi dure qu'un ministre de l'intérieur quand on lui cause sécurité routière ! Le réservoir ne me permet pas de serrer la moto contre moi, j'ai les genoux qui sont déportés vers l'extérieur. Pourtant je ne suis pas très grand. (1,71m)
En mettant mes bottes sur les cale-pieds, la forme de ceux-ci font comme une "boule" qui repoussent mes malléoles vers l'extérieur de la machine...étrange et pas ergonomique. La distance "guidon/selle/sélecteur" ne me plait vraiment pas : c'est bien trop sur l'avant. Pratique pour l'attaque, mais j'imagine mal taper plus de 200 km avec la Suzuki sans choper des douleurs aux épaules. Le sélecteur s'attrape facilement mais est situé un peu haut à mon goût : tout ceci est subjectif mais l'ergonomie de la position de conduite ne m'a pas plu. Tampix !
Dans les points positifs : les rétros sont stylés et efficaces à 80%. La rétrovision est bonne et vibre très peu
La direction est cool, avec un bon bras de levier. Si la selle est dure, elle n'en est pas moins basse et il est très facile de poser le pied au sol lors d'un arrêt. Le centre de gravité est bien placé, le poids de la moto ne m'a pas du tout gêné.
"Roulez tout doux, pensez à nous" dit le panneau. Mon cul, ouais ! GAZ ! Bon ok gna gna gna, position de conduite tout ça c'est bien joli mais on se tape de savoir si le cul (de dieu grec) de Taeron se sent bien sur la moto ! Et le moulbif dans tout ça ? La partie cycleuh ?
Bande d'affamés ! Tout d'abord mon ressenti sur les premiers mètres : j'ai été un instant ému de reprendre une machine de plus forte cylindrée qui m'a rappelé la souplesse d'usage de mon ZR7S. Fastoche de monter les rapports, ça reprend sans problème grâce à la plus forte cylindrée que le Hornet, qui pourtant est une crème de souplesse (pour un 600) Le bruit du pot est franchement super. Rauque à bas régime, et de plus en plus colérique en montant dans les tours ! J'ai adoré ! Et ce n'est que le pot d'origine...il est présent sans trop vous marteler la tronche comme un Pot NH : un bon point pour la Suze !
Les vitesses se verrouillent bien , la boîte est douce, rien à signaler de ce coté là.
En revanche les suspattes...ben...trop sèches ! Elle devaient être réglées assez dures. La moto avait ~1.100 km et il est vrai que tout ça était assez neuf. Personnellement entre la position de conduite "plus penché tu mates les scupltures de ton pneu avant" et la rigidité des amortos, j'ai vraiment été à la peine quand on a embrayé sur des portions en mauvais état. (Mais bon j'étais toujours devant, mon pote est une grosse pince. A moins que je sois trop doué pour lui. Allez savoir
)
Entendons nous bien, sur revêtement propre c'était amusant de sentir vivre le train avant qui renvoie plein d'infos. Mais là c'était presque trop pour moi et je me suis fait secouer plusieurs fois sur des petites bosses.
Autre point noir en descendant du Hornet : le freinage. Le frein arrière était du niveau de ma machine : nul. Un ralentisseur, sans plus. Le frein avant quand a lui était efficace (sinon je vous écrirais du CHU le plus proche) mais était sans mordant, il fallait insister pour trouver de la puissance et manquait franchement de feeling. Je n'ai pas aimé le premier freinage musclé que j'ai fait pour le tester : cette sale impression qu'il faut foutre un coup de boule aux étriers pour qu'ils se réveillent m'a gonflé. Modérons le propos, le GSR750 freine mais en terme d'attaque et de garde au levier les étriers et MC Tokico présents sur la machine m'ont rappelé la merde sans nom qui équipait le ZR7S. Pour une moto dotée d'un moulin pareil, c'est un peu ballot.
LE MOULIN ! Développé pour 106ch (maximum donc pas besoin de débrider) le moteur de la GSR750 est sans problème son plus gros atout ! Il est souple et tracte férocement quand on lui rentre dedans. C'est pas compliqué, je l'ai poussé à 9.000 tours minutes sur les 11.000 dont il est capable au maximum. Pourquoi pas plus ? Déja parce que j'avais pas envie de planter la meule et que j'étais déjà à des vitesses débiles en départementales. Et honnêtement ? J'ai eu peur. Le GSR possède une GROSSE POUSSEE VELUE à partir de 5.000 sur le bon rapport. Ca pousse fort, ça pousse sec, ça pousse avec énergie. J'ai adoré. Le son du moteur, secondé par l'excellent pot fait chanter une putain de mélodie dans votre casque. Génial. Il n'y a pas vraiment de cap comme sur sa petite soeur, mais la moto prend progressivement de la hargne à l'assaut des 3.000 derniers tr/min du compteur. Encore une japonaise caractérielle ! Hourra !
Que ce soit en première, seconde, troisième, quatrième, le GSR750 prend ses tours avec la fureur d'un gratteux de heavy-métal qui en serait à son 4e rail de coke : ça pète dans tous les sens et je me suis presque fait dessus en essorant la poignée. Par rapport à mon Hornet, on a la puissance maxi des 5.000 derniers tours, mais avec ce coté "gros coeur plein de colère" qui rend la poussée plus impressionnante.
Les deux derniers rapports sont plus policés : ça allonge les cervicales mais de manière moins "permisphobe"
Un bémol, puisqu'il en faut un tellement le moteur est bandant : impossible de rester aux vitesses légales. Faire (un peu) mumuse avec le sept-et-demi m'a rappelé pourquoi je suis très heureux avec mon roadster six-cents. En troisième sur filet de gaz je suis à 50-60 km/h. Avec le GSR750 t'es à 80 et le moteur se fait franchement chier. Sur départementale, sans forcer et en prenant mes marques comme si j'avais le Hornet, j'étais à 140. Amusant 30 secondes, surtout pour le flic qui va se faire les dents sur toi au prochain carrefour !
Le fait que le moulin soit présent assez bas dans les tours est tellement tentant, je voulais profiter de sa grosse patate ! Mais j'étais d'ores et déjà dans l'illégalité. C'est ce sentiment de ne pouvoir exploiter le moulin et la moto à 100% qui me rendrait malheureux si je décidais de me la procurer.
Ami lecteur, un Pierre-Nicolas et une Honda Hornet se sont cachés dans cette photo. Sauras-tu les retrouver ? Un dernier détail déplaisant, hélas : la gestion de l'injection. "De toute façon les meules injectées c'est toutes des hérésies mécaniques, tout juste bonnes à y foutre le feu pour allumer un barbecue une soirée d'hiver !" (presque copyright Sanzo 2011
)
Sans aller jusque là, lors des évolutions à bas régime, donc proche du ralenti, la moto avec hocquetait un peu, c'est vite lourd en ville. Qui plus est, si on coupe/remet les gaz à régime normal, on se fait secouer, et la même si on "casse" les gaz pour décélérer rapidement. Non pas que la moto sursaute à chaque rotation de la poignée, mais on sent que c'est moins lissé qu'une machine à carbus. Le GSR600 possédait déjà ce genre de soucis. Sur la grande soeur, ils sont moins casse-bonbons mais présents malgré tout. Pas rédhibitoire, mais chiant.
Cela dit, la Suzuki GSR750 est une machine qui possède plein de qualités. Le châssis est sain, le moteur érectile, l'aspect rigolo. Les petits défauts que je lui ai trouvé ne m'ont pas empêché d'apprécier les trois quarts d'heure passés en selle avec elle. Bien qu'il soit délicat de jauger une machine en si peu de temps, j'ai écouté mon coeur en remontant sur le Hornet. Je n'ai pas ressenti cette envie de changer de meule comme la fois ou j'avais essayé le VFR800 V-tec (possesseurs de V4, soyez mille fois maudits avec vos engins tentateurs !
)
Le GSR est une moto qui ravira les attaquants, ceux pour qui la première moitié du compte-tours est réservée aux lopettes, et qui veulent une moto facile à manier et explosive. Une très bonne machine, mais que j'estime peut être un peu trop réservée à la frime, au détriment d'un usage quotidien.
Merci à Esprit Motos à Saint Cyr pour nous avoir filé les clefs de la meule ! On a passé un très bon après midi en discutant avec eux, ils sont autrement plus sympa que les ritals qui crèchent à 10 mètres de chez eux...